La critique et le peuple

On dit souvent que les critiques de films sont élitistes et que leur opinion n’a ultimement aucun lien avec les recettes au guichet.

Il semble bien qu’on se trompe. Le journaliste Erik Lundegaard a publié un article dans le magazine Slate (Why We Need Movie Reviewers) dans lequel il fait des calculs qui prouvent selon lui le contraire. Rien de scientifique, mais les chiffres qu’il fait ressortir sont intéressants. En utilisant la méthode de calcul des revenus des films par salle (vs les recettes totales), le journaliste constate que les films qui ont reçu de bonnes critiques rapportent plus par écran que ceux qui ont reçu de mauvais commentaires et ce, même dans le cas des soi-disant inébranlables blockbusters.

Sa conclusion?

Almost any way you slice it, if a majority of critics like a movie, chances are it will do better at the box office than a similar film the majority of critics don’t like. Far from being elitist, movie critics are actually a pretty good barometer of popular taste.

What does all of this mean? Not much and everything. I certainly accept the fact that America’s overall cultural tastes have degraded. Serious films for adults, such as The Best Years of Our Lives, The Bridge on the River Kwai, The Graduate, and The Godfather, were all No. 1 box office hits for their respective years. So was Saving Private Ryan as recently as 1998. Seems an eternity ago. Now even our most critically acclaimed films are cartoons: Persepolis, Ratatouille, and The Simpsons Movie.

Euh… Persepolis et Ratatouille, ce sont des cartoons? J’aurais eu plus de confiance envers la conclusion de ce journaliste si son opinion n’avait pas été aussi réductrice. Les films étaient bien meilleurs dans le temps, bla bla bla. Ben oui. Et moi quand j’étais jeune je devais marcher sur une distance de 20 kilomètres dans la neige en montant une pente pour me rendre à l’école. *baillement*

Mais tout de même, il faudrait que quelqu’un fasse le calcul avec les films et les critiques québécois pour voir si on en arriverait aux mêmes conclusions.

Pour ceux que le sujet intéresse tout particulièrement, je vous conseille la lecture de la retranscription d’une conversation en ligne entre l’auteur de l’article et les lecteurs de Slate. On y donne plus de détails sur la signification de ces chiffres et sur l’évaluation des méthodes de calcul des revenus générés par les films.

Trouvé via Writer’s blog

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Categorized as Cinema

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

9 comments

  1. Parlant de films, le nouveau numéro de l’Actualité avec Alexandre Despatie à la une mentionne À vos marques… Party! Car le joli monsieur a aimé son expérience! Bon, d’accord, il n’a pas déclaré dans un élan de passion « C’est l’écriture si fine et si touchante de Martine Pagé qui m’a convaincu que le cinéma sera ma prochaine passion », mais moi… je l’ai lu entre les lignes! :-)

  2. Ouais, il y a plus de contenu dans Persepolis que dans bien des « live action »… Dans notre temps, hein, c’était bien meilleur, bla bla. Tu parles, dans mon temps, y’avait aussi Porky et Invasion of the body snatchers!

    M’a dire comme toi – « yawn ».

  3. Ooooh, Porky! :-)

    (Comme quoi il ne faut jamais, mais alors là jamais revoir les films qu’on a trouvés bons quand on avait 11 ans! Ou du moins, jamais en annonçant à sa douce moitié « tu vas voir, c’est super bon! » Oui, on m’a fait le coup. On ne m’y prend plus!)

    Et Martyne, tu as oublié de dire que tu montais la côte AUSSI en revenant! :-)

  4. Je montais la côte en revenant ET à genoux, en écoutant la trame sonore de Porky sur mon Walkman à cassette!

  5. Aaaaah les peintures rupestres des hommes de cro magnon quand même c’était vachement mieux que Van Gogh, Piccasso ou Monet.

    :) Ce journaliste en effet a besoin d’un cours sur le fond et la forme. Surtout à propos de Persepolis, la forme de Persepolis (dessins d’animation) ne diminue en rien le contenu de Persepolis (témoignage social et politique)

    Je pense aussi à Waking Life.

  6. Je vais essayer de me faire un peu l’avocat du « diable », sous réserve d’avoir basculé dans la catégorie « vieu con » plus vite que je n’aurais aimé…
    Il me semble que ce qui est pointé, aussi, dans cet article, n’est pas tant qu’il n’y aurait pas aujourd’hui de films aussi bons et originaux – ou estimés tel – qu’autrefois, mais que ces films-là n’ont plus le même accès au sommet du box office. Et il me semble que c’est assez clair aux Etats-Unis, et c’est de plus en plus criant en France depuis dix ans.

  7. @D&D: Merci de cette précision. Tu as d’ailleurs tout à fait raison. Je suis d’accord avec le journaliste dans l’ensemble. Le seul aspect qui m’a agacée, et sur lequel j’ai peut-être fini par trop attirer l’attention, c’est cette qualification de « cartoons » envers des films qui méritaient mieux. Comme je le disais, cette idée que « c’était mieux avant », exprimée en des termes un peu simplistes, teinte le reste de son argumentation.

    Les goûts des cinéphiles changent, de même que leurs raisons de fréquenter un cinéma. Je crois que la diversité de la programmation télé y est pour quelque chose, de même que le grand accès aux films en location et la baisse des prix des cinémas maison. Le calcul des revenus et de la popularité d’une oeuvre est devenu très complexe.

    À ce sujet, je vous suggère de lire le billet du scénariste et réalisateur américain John August, qui partage son expérience récente de production indépendante d’un film et de ses nouveaux moyens de distribution: « Sundance, The Nines, and the death of independent film »:
    http://johnaugust.com/archives/2008/nines-post-mortem

  8. Merci beaucoup pour votre réponse et pour ce lien. Je viens de lire une première fois le texte de John August (ainsi que l’article qui le fait « réagir » et c’est tout à fait passionnant, même si certains aspects me dérangent (mais après tout tant mieux !) … Bref, merci encore, je crois que c’est une longue réflexion et avant tout étude qui va (re)commencer pour moi sur ce(s) sujet(s).

  9. Je suis une cinéphile dont les goûts ont changé! Je vais extrêmement rarement au cinéma. Les salles sont souvent trop froides, le volume trop fort, les voisins jasent (ou mieux, tapent dans mon siège), les previews m’écoeurent, les annonces encore plus… je finis par payer mon billet trop cher pour ces désagréments-là, que je ne trouve pas… dans mon salon.

    Le cinéma en salle pour moi c’est un peu comme La Ronde: c’était donc le fun quand j’étais ado, et maintenant je ne vois plus trop l’intérêt. Je ne suis pas non plus attirée par ce qui est nouveau sous prétexte que c’est nouveau — il y a tant de bons films à voir, peu importe l’année de leur production!

    Eh bien, j’ajoute une autre corde à mon arc de consommatrice pas dans les normes… Décidément, je ne suis d’aucune utilité aux statisticiens de tout acabit. Si vous me cherchez, je suis dans la catégorie « autre » :-)

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