Lire: En ce sens, aimer et écrire sont donc deux fréquentations d’un secret qu’il faut accepter de ne jamais percer?
Eric-Emmanuel-Schmitt: Oui, la similitude est grande. Au départ, il y a un impérialisme dans l’écriture, c’est-à -dire une volonté de s’approcher du secret, de le révéler et de le résoudre. Puis vient la période de l’humilité, c’est-à -dire le moment où l’on comprend que ce secret est précisément ce qui nous rend fécond, qu’on ne parviendra jamais à le posséder et qu’on ne doit pas y parvenir. L’amour est semblable: accepter de ne pas posséder le secret de l’autre, se rendre compte que c’est précisément parce qu’on ne cherche pas à le percer que l’amour se fortifie. La littérature vise à rendre du mystère, pas à en percer. L’amour aussi, je crois.
Tiré d’un entretien entre Lire et Eric-Emmanuel-Schmitt.
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