Ferme la porte, on gèle!

Mets pas tes doigts dans ta bouche. Mange tes légumes. Laisse parler les grandes personnes. Garde-toi toujours une porte ouverte, on ne sait jamais.

De tous les conseils reçus pendant mon enfance, c’est celui concernant les portes qu’on devrait laisser ouvertes qui m’a fait la plus grande impression. À un point tel qu’à l’âge adulte, je souffre d’une garde_toutes_les_portes_ouvertes-ite aigue. Pas capable de fermer des portes, la fille, et quand elle doit les fermer, ça fait mal. Peur du regret. Peur de l’opportunité perdue. Peur de se tromper. (Je ferme cependant toujours la porte de la garde-robe avant d’aller au lit, juste au cas où il y aurait un monstre dedans.)

Vous imaginez que ça ne s’est pas amélioré quand je suis devenue pigiste et que ma survie financière ne dépendait plus que de moi!

Si cette attitude a tout de même servi ma carrière, avec le temps, je me rends compte des aspects négatifs du syndrôme de la porte ouverte: manque de focus, perte de temps, angoisses, etc. Je crois aussi que l’accès constant au Web contribue à ce sentiment de dépassement face aux options disponibles. Des onglets sur un fureteur, vous en gardez combien d’ouverts à la fois? Allez-vous vérifier vos courriels dès qu’un nouveau message arrive, au cas où ça serait plus important que la tâche à laquelle vous étiez en train de vous consacrer? Vos fils RSS sont-ils autant de tentacules vous entraînant vers des chemins inexplorés?

C’est bien ce que je pensais. Je ne suis pas seule, comme le démontre cet article du New York Times:

“Closing a door on an option is experienced as a loss, and people are willing to pay a price to avoid the emotion of loss,” Dr. Ariely says. In the experiment, the price was easy to measure in lost cash. In life, the costs are less obvious — wasted time, missed opportunities. If you are afraid to drop any project at the office, you pay for it at home.

J’essaye d’apprendre depuis quelques années à refermer quelques portes, une à la fois, tout doucement, après de trop longues réflexions. Je n’en suis pas encore venue à prendre plaisir à les faire claquer, mais ça viendra peut-être un jour, qui sait.

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

5 comments

  1. « Se laisser des portes ouvertes » c’est comme « les plan B » Si on en un plan B c’est qu’on est pas assez confiant de notre plan A, et quand on est pas assez confiant de notre plan A , y’a de grosses chances que ça ne fonctionne pas. Ça c’est une philosphie du physicien Pierre Morency et c’est sûrement dans « Le secret » que je n’ai toutefois pas lu. Mais ce qu’on dit c’est que les grandes histoires de réussites n’avaient pas dans leur vocabulaire « Ne pas mettre ses oeufs tous dans le même panier » se garder des portes ouvertes » ou « avoir un plan B ». Mais c’est plus facile à dire qu’à faire !!!

  2. À la manière des groupes d’entraide, alors, je signe : Bonjour, je m’appelle Martyne et je suis une laisseuse de portes ouvertes aussi. Pour sensiblement les mêmes raisons que celles énumérées dans ton billet. J’adhère à ton questionnement, qui fera peut-être avancer le mien, qui sait ?

  3. Ah, le fichu « Secret » et autres livres à la sauce « laissez-moi vous dire quoi faire » qui font la promotion d’une certaine pensée magique et qui permettent à leurs auteurs de s’enrichir en faisant miroiter à tous la possibilité d’être riches et célèbres et parfaitement heureux eux-mêmes, « si seulement ils le voulaient assez ». Ne pas « vouloir assez » est devenu un péché, une tare, comme la gourmandise ou l’avarice l’étaient autrefois. Le sujet vaut à lui seul un billet qui viendra peut-être plus tard, quand je serai assez pompée pour l’écrire. ;-)

    Disons juste que oui, la confiance est un aspect important du « succès », mais c’est loin d’être la seule chose qui permette ou non d’atteindre ses buts. Et encore faudrait-il définir ce qu’est « une grande réussite ».

  4. Je dirais que l’insouciance et la naïveté défonceraient plus souvent certaines portes que la confiance.
    D’ailleurs je ne dis pas que j’adhère aux philosophies citées dans mon premier commentaire mais disons que j’en prends quelques bons côtés. Toutefois je dirais qu’elles s’appliquent peut-être plus aux au « business mercantiles » qu’à des success story plus artistiques. Et évidemment Martine, « une grande réussité » c’est bien relatif, comme tu le dis !

  5. C’est drôle: moi je tente de calmer ma tendance à brûler les ponts derrière moi! (Faque les portes, hein…)

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