Silencieuse

C’est tranquille ici ces jours-ci, hein? J’sais pas trop pourquoi. Je travaille, je lis beaucoup (des livres, des articles, des blogues), je vois des films, je me dispute avec mon chat, je vois du monde. Mais je n’ai rien à raconter. Rien de particulier à dire, pas d’envie pressante de partager quelque chose, mis à part des trucs anodins qui sont plus appropriés sur une plateforme comme Facebook.

Oh well. Ça devrait passer. Ça passe toujours.

J’en profite donc pour faire du « link love », comme disent nos amis anglos. Je vais répandre l’amour par le lien. Ou quelque chose comme ça.
Y’a quelqu’un qui a une bonne idée de traduction pour « link love »?

Bref, s’il ne se passe pas grand chose ici, il s’en passe ailleurs. Allons voir ça.

-Le blogueur montréalais Hugh McGuire, créateur de LibriVox, vient de lancer un autre service Web fort intéressant: Earideas. C’est un guide commenté qui rassemble le meilleur contenu audio sur le Web (en anglais seulement). Pas compliqué et élégant. Une visite rapide par catégorie vous fera découvrir des perles de podcasts. C’est votre iPod et votre culturelle personnelle qui vous remercieront.

-En avril 2008, j’aimerais bien me retrouver à Cambridge (MA) pour assister à la conférence ROFLCon. Les organisateurs prévoient y rassembler tous les gens responsables de la naissance des plus grands memes de l’histoire du Web. Imaginez la scène: on retrouvera en un même endroit les créateurs de la folie derrière LOLCat, Bert is evil, Paperclip to house, Tron Guy, etc. Dingue. Plus de détails ici.

-Vous savez quand on dit d’un acteur qui nous plaît tellement qu’il pourrait nous lire le bottin de téléphone et on serait quand même captivé? Deux actrices connues en font l’expérience dans le cadre de la campagne d’appui aux scénaristes américains en grève, Speechless, et ma foi, ça sort plutôt bien. Le talent des acteurs est une chose fascinante. Leur personnalité aussi, mais ça, c’est une autre histoire…

-Savez-vous qui s’est mis au blogue? Le père et la mère Nowel! Mais attention: ne faites pas lire ça à vos enfants! Le bruit généré par leurs illusions enfantines qui éclatent en mille morceaux pourrait être assourdissant. J’aime particulièrement ce passage du blogue de la mère Nowel:

Bon, je ne l’avouerais pas trop fort, mais l’absence du vieil haïssable a du bon. Avoir le grand lit à moi toute seule, dormir sans être dérangée par des ronflements qui vous font presque regretter de ne pas plutôt dormir avec une Harley, et se moquer des miettes de biscuits aux pépites de chocolat qu’on avale en lisant le dernier roman de Marie Laberge, c’est pas désagréable. Bon, tant qu’à être dans les confidences, j’admets avoir longtemps envié Blanche-Neige qui avait 7 nains à sa disposition, mais c’est une autre histoire…

Question de vous mettre dans l’esprit des fêtes.

Oh, et puis j’ai fait des cupcakes cette semaine (même si la mort du cupcake a été annoncée – j’y reviendrai). Une amie est allée à New York et m’a rapporté cet adorable contenant fait exprès pour les petits gâteaux. J’ai décidé d’en faire une fournée, question de tester la mobilité du cupcake. Comme je travaille à la maison, c’est Ed qui s’est porté volontaire. Je suis heureuse de vous annoncer que le petit gâteau au chocolat noir bio et chai avec glaçage au fromage à la crème s’est très bien rendu au centre-ville, même pendant la journée de tempête. Ça c’est du test, mesdames et messieurs.


Donner un sens

Je n’ai jamais compris le principe de faire un enfant pour donner un sens à sa vie (ou à LA vie). Comme le dit si bien un commentateur en réponse à un billet de Patrick Lagacé sur son blogue aujourd’hui:

Si tu fais des enfants, tu fais juste transférer ta «malédiction» dans un autre contenant, qui se dira un jour à son tour «I have no reason to be alive»…

Il me semble qu’avant de se reproduire, ça serait une grande faveur à faire à l’enfant d’avoir d’abord trouvé un sens à sa propre vie, non? Ou encore d’avoir décidé que la vie n’a pas vraiment de sens et que c’est ben correct comme ça au fond. Mais faire un enfant pour trouver la paix, en espérant que ce petit être, qui ne nous a surtout rien demandé, vienne combler quelque chose en nous, vienne remplir un vide existentiel? Ça me parait injuste et un peu « cul par dessus tête » comme raisonnement. Je ne dis pas que c’est mal ou que c’est ridicule. Je connais bien des gens qui ont choisi de faire un enfant pour les mauvaises raisons, mais qui sont tout de même de bons parents.

Et dire que certains croient que ne pas avoir d’enfant est un choix égoïste…

Comme le raconte Chroniques Blondes aujourd’hui:

On se dit qu’il faudrait mettre un moratoire sur nos naissances et prendre soin de ceux, si nombreux, si nombreux, qui existent déjà.

Nobody has a kid before every kid is taken care of.

Dans son billet, Patrick dit:

Mon amie fait partie de cette tribu de filles qui ont plus de 33 ans, qui n’ont pas de bébé. Peut-être se sent-elle interpelée par ce passage de Martha. Peut-ête en veut-elle un. Ou deux. Ou trois. Elles sont des milliers, comme ça, qui voudraient bien faire exploser notre taux de natalité, faire exploser le 1,4 bébé par fille, mais bon, il y a la vie qui se dresse entre elles et ce bébé-virgule-quatre… Des milliers de filles qui veulent laisser une trace…

Je ne sais pas trop pourquoi – j’ai peut-être eu le cerveau lessivé (sans phosphate) par les écologistes – mais je n’aime pas l’expression « laisser une trace ». Ça me fait penser au ecological footprint. Je sais je sais. Ce n’est pas de ça dont il est question, mais bon, au-delà de l’aspect écologique, l’idée de vouloir laisser une trace en créant un autre être humain m’a toujours semblé absurde, même quand j’étais toute petite. (Je suis une rationnelle. On ne se refait pas.) On laisse une trace par ses gestes, pas par ses gènes.

Ces femmes qui ont vu la vie passer trop vite et qui se disent oh my god! I forgot to have children!, pourquoi doivent-elles vivre dans le regret? Pourquoi ne pas laisser de trace dans le coeur d’un enfant qui existe déjà? Pourquoi ne pas être une grande soeur, ou une tante présente, ou une grande amie? Pourquoi ne pas donner un coup de main à des parents débordés ou qui ne savent pas donner l’attention nécessaire au bien-être des enfants? Pourquoi ne pas renouveler un peu le concept de laisser sa trace en faisant une véritable différence dans la vie de quelqu’un?

J’imagine que les mères me diront que seules les mères ont réponse à ces questions. Je n’aurai rien à leur répondre, bien sûr. Je ne suis pas dans le secret de ces déesses au bedon rond, celles qui savent quelque chose que je ne sais pas.

Documentaire à voir

Le 9 octobre dernier, j’ai assisté au Cinéma du Parc à une représentation du documentaire Le voyage d’une vie, par la réalisatrice Maryse Chartrand. Il y est question du voyage autour du monde entrepris par un couple et leurs trois enfants, puis du suicide du conjoint de Maryse, un an après le retour de la famille à Montréal. Après la projection du film, la réalisatrice est venue répondre aux questions du public en compagnie de sa fille adolescente.

Je n’ai pas pu poser de question.

J’étais clouée sur mon siège, émue, la tête pleine d’images.

Je ne suis pourtant pas sortie de là déprimée, comme on pourrait s’y attendre. J’ai été profondément touchée par l’expérience vécue par cette famille, et même si je n’ai jamais vécu le suicide d’un proche, les sujets abordés dans le documentaire sont venus me chercher et m’ont beaucoup fait penser à ce que je vois dans mon entourage: course contre la montre, épuisement professionnel, honte face au sentiment d’échec et de faiblesse apportés par la dépression, envie de tout balancer et de partir, communication dans le couple, etc. Tous ces sujets sont touchés avec doigté sous un angle très personnel, sans faire la leçon et sans tomber dans le sentimentalisme, ce qu’un réalisateur moins habile aurait facilement pu faire. On est happé par l’histoire même si on en connaît la triste fin dès les premières images.

Ce documentaire est souvent présenté comme un film sur le suicide, mais ultimement, c’est un film sur l’amour, sur la force du lien qui reste et qui permet de continuer même quand ça ne semble plus possible. C’est aussi un film sur les hommes et cette incapacité fréquente et souvent tragique, à appeler à l’aide. Ça donne le goût de rentrer à la maison et d’avoir une bonne conversation avec son chum. Parce qu’on ne peut jamais assumer que tout va bien.

Bref, c’est un excellent film, tant sur le fond que sur la forme. Les Montréalais ont une chance de le voir sur grand écran car le Cinéma du parc a décidé de remettre le film à l’affiche pendant quelques jours. Il sera présenté du 20 au 24 octobre inclusivement, à 19h, en présence de la réalisatrice. Une discussion suivra chacune des projections.

Pierre Maisonneuve a fait une entrevue avec la réalisatrice et scénariste du film, disponible sur le site de Radio-Canada.