Chaîne de mobilisation

piéton traversant la rue
Suite à mon billet relatant ma rencontre avec le père-noël sur la rue Laurier, Martine des Banlieusardises m’a fait découvrir qu’une chaîne de mobilisation existe déjà au Québec concernant les passages pour piétons.

Le règlement est clair…
Article 410 du code de la sécurité routière:
Lorsqu’un piéton s’engage dans un passage pour piétons, le conducteur d’un véhicule routier doit immobiliser son véhicule et lui permettre de traverser et le conducteur d’une bicyclette doit également lui permettre de traverser.

Bazzo.tv a en effet abordé le sujet en octobre dernier et encourage les citoyens concernés à se procurer un autocollant aux bureaux de Télé-Québec ou encore à faire un hyperlien vers la rubrique à partir de leur blogue.

Belle idée. Il faudrait qu’elle fasse encore plus de chemin. Hey, la gang de Metroblogging Montreal, vous vous y mettez?

The jolly man has manners

So I’m on Laurier Street tonight, trying to cross the busy road at a pedestrian crosswalk. I make it halfway through but I have to stop in the middle of the street because the cars coming towards me won’t stop, even though I have priority. (Quebec drivers really don’t know about the rules for pedestrian crosswalks. We really need a special TV ad campaign to let them know about this simple principle. Maybe Tout le monde en parle could mention it sometime, just to reach as many drivers as possible? It would do a big public service.)

Five or six cars pass me without slowing down. Finally, an SUV comes towards me. I notice with surprise that it is losing speed and finally stops to give me the right of way. I make eye contact with the driver to thank him. It’s Santa. Santa Claus is behind the wheel, fully decked out with the red hat, the beard and all. I give him my warmest smile. He gives me a little hand wave.

Dear Santa: I forgive you for driving an SUV. Your good manners almost make up for your vehicle’s emissions.

Au pas, camarade

Je n’ai jamais fait d’adhésion officielle. On ne m’a pas remis de carte de membre. Je fais ça toute seule dans mon coin.

Et pourtant, un changement dans mon statut social a eu lieu: je suis rentrée dans la secte secrète des coureurs.

Ça a commencé comme tout changement de vie commence, dans un moment épiphanique mélangeant une bonne dose de haine de soi avec une poussée de motivation. J’ai décidé il y a près d’un an que bon, j’étais lourde et que ça me pesait. Jusque là, j’avais toujours été une grande marcheuse et j’avais la course à pieds en horreur – cette idée d’aller se relaxer en se pressant! – sans compter que je trouvais ça difficile pour les genoux. Mais pour me remettre en forme, j’ai décidé de pousser un peu la machine et de marcher plus vite.

Quelques semaines plus tard, les résultats de mon programme d’exercices ont commencé à se faire sentir et j’ai hâté le pas un peu plus. Et puis une bonne journée, bang! Je ne sais pas trop ce qui s’est passé: j’ai probablement tenté de fuir un gros moustique, mes pieds se sont pris au jeu de la musique portée par mon iPod, un saut au-dessus d’une flaque de boue, puis un autre et hop, surprise, horreur, je courais! J’ai découvert que, au contraire de la course sur l’asphalte, courir sur les sentiers de terre ne me faisait pas mal aux genoux et qu’après quelques minutes d’adaptation, ce n’était pas trop désagréable. C’était même défoulant à la limite (très limite, la limite).

On ne s’en rend pas compte au quotidien mais il y a toutes sortes de clubs qui régissent nos vies, des cliques qui divisent les gens et dont on se retrouve membre sans y avoir adhéré. Y’a le club de ceux qui conduisent des Beetles, celui des fumeurs de cigare, celui des fausses blondes, celui des propriétaires de Macbook pro, etc. Dans un lieu public, les membres de ces clubs se repèrent rapidement. Leur présence commune en un même endroit les rassure et un échange de regards à la fois soupesant et acquiesceur prend place entre les membres, quelque chose qui dit silencieusement « on se comprend. »

Autrefois, quand je marchais dans les sentiers de mon parc préféré, les joggeurs que je croisais m’ignoraient, ou pire, détournaient le regard. Mais depuis que mon pas rapide a commencé à ressembler à du jogging, j’ai vu un changement d’attitude chez les coureurs que je croise. J’ai gagné le droit d’être saluée! C’est parfois un discret signe de tête, ou une main qui se soulève et s’agite ou encore un petit sourire entendu. Peu importe le style; c’est officiel, je suis rentrée dans la gang. Je fais partie de quelque chose de plus grand que moi et mes deux souliers de course. Wow. Mon pas se fait plus léger. Courir devient soudainement un peu plus facile, un peu plus naturel.

L’effet euphorique créé par ce sentiment d’appartenance dure jusqu’à ce que je croise sur le sentier le groupe de mamans qui fait du cardio-poussette en compagnie d’une entraîneuse qui hurle des instructions. Celles-là, du haut de leur grand nombre et de leur poussette aussi impressionnante qu’un VSU, m’ignorent royalement. Pas un mot, pas un sourire, sauf parfois quelques yeux qui me regardent de travers, au milieu d’une conversation avec une autre maman. J’ai beau lancer de petits regards attendris vers leurs poupons endormis dans les poussettes, rien n’y fait. De toute évidence, il me manque neuf mois d’entraînement intensif pour faire partie de ce club et mériter véritablement ma carte de membre.

Je me console en pensant à la blague que Woody Allen aimait bien répéter: « je ne voudrais pas faire partie d’un club qui voudrait de moi comme membre ». Et je hâte le pas dans la direction opposée.