Montr�al: premi�re impression (singerie de juillet)

Je ne me rappelle pas de ma premi�re visite � Montr�al. Ma famille est de la ville de Qu�bec et comme nous n’avions pas de parent� � Montr�al, nous n’y venions jamais en visite. Mon p�re d�testait cette ville sans la conna�tre (�a lui donnait une excuse pour �viter de voyager). Quand il regardait une �mission de t�l� qui ne lui plaisait pas, il disait « c’est platte � cause des maudits r�alisateurs de Montr�al ». Quand il voyait un acteur agir de mani�re trop flamboyante, il se plaignait: « Les maudits acteurs de Montr�al! ». J’avais l’impression que toute la ville �tait un gros studio de t�l�. Ce n’est peut-�tre pas un hasard que, quand je suis enfin venue vivre � Montr�al en 1998 apr�s un long d�tour par la Californie, mon premier boulot fut dans le domaine de la t�l�vision. Est-ce que quelqu’un pouvait faire quelque chose d’autre que �a � Montr�al?

Je n’ai donc que de vagues souvenirs de la ville. Comme mon p�re refusait d’y venir, c’est mon cousin qui nous y emmenait et il passait toujours par le pont-tunnel. Les premi�res images que je garde de Montr�al sont celles des b�timents affreusement laids qui ornent le bord de l’autoroute 40. Vous savez, ce genre de b�timents dont les fen�tres en miroir alternent avec des carreaux de couleur? Ils semblaient inhabit�s et plusieurs des carreaux �taient cass�s. Je trouvais Montr�al laide, d�primante, sans verdure. J’avais l’impression qu’on y �touffait (nous ne venions qu’en �t�).

Plus tard, j’ai appris � conna�tre la ville et � appr�cier son rythme, davantage que son architecture… Mais encore aujourd’hui, quand je roule sur la 40 et que je vois ces b�timents qui tiennent miraculeusement debout et qui ont toujours l’air aussi abandonn�s, je ne peux retenir un sentiment de tristesse. Je fonce droit devant et je pense � ma destination, en �vitant de regarder autour. Pour aimer Montr�al, il faut apprendre � �tre s�lectif.

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice