L’énigme des retours

Lady on a train

Partir en voyage, ça a longtemps signifié pour moi découvrir de nouveaux lieux et des cultures différentes. Même si cet aspect restera toujours au centre de mes intérets, je me rends compte en vieillissant que j’apprécie de plus en plus retourner dans des endroits que j’ai déjà visités.

Ce plaisir répond-il à  un besoin grandissant de sécurité? Suis-je en train de me transformer en snow bird qui prend son envol vers le même lieu chaque année sans se poser de question? Pas du tout! Oui, c’est vrai que la familiarité avec un lieu peut sécuriser le voyageur. C’est agréable de reconnaître les rues, de ne pas se perdre dans le métro, de manger dans un restaurant dont on garde de beaux souvenirs, de se faire croire pendant un moment qu’on est « quelqu’un de la place ». Mais ce n’est pas que ce qui me séduit particulièrement dans ces voyages.

Mes retours dans un lieu déjà visités ne se transforment pas en pélerinage. Ils ne sont pas de bêtes répétitions de périples précédents. Je ne cherche pas, à grand renfort de nostalgie, à répéter pas à pas le parcours de la personne que j’étais. J’aime au contraire voir mes intérêts bouger, mon regard se porter sur de nouveaux éléments.

En regardant mes photos d’un récent voyage dans une ville où j’en étais à ma sept ou huitième visite (sur une période de 24 ans), j’ai été étonnée de constater jusqu’à quel point je m’étais attardée à  la flore, moi qui n’ai jamais eu beaucoup d’intérêt pour les plantes! J’ai saisi l’image de nombreuses fleurs sauvages, de cactus étranges, d’arbres déformés, exposés à un climat très différent de celui qui m’entoure au quotidien. J’ai pris grand plaisir à observer en détails les jardins dont les gens de la région choisissaient d’entourer leur maison. Une des rares photos que j’ai pris le soin d’imprimer montre une superbe plante à la symétrie parfaite qui poussait banalement entre le trottoir et la rue comme poussent les mauvaises herbes au Québec. Un petit moment de grâce dans un quartier modeste dont la beauté m’aurait échappée par le passé.

J’organise aussi de plus en plus mes parcours autour de visites architecturales. Je ne suis pas une grande adepte des visites guidées. Je me procure plutôt des livres qui m’orientent vers des lieux accessibles à tous, parfois encore habités au quotidien. Le bonheur de trouver dans une banlieue banale une demeure construite par un grand architecte qui avait des visées populaires! La joie de pouvoir s’installer confortablement dans un fauteuil et de regarder un coucher de soleil spectaculaire dans le genre de maison dont on ne peut habituellement rêver que de loin! Je ne sais pas si la personne que j’étais à 20 ans aurait pu être émue aux larmes par cette harmonie parfaite entre architecture et emplacement. C’est le genre de détails à  côté duquel je serais probablement passée tout droit, en route vers une soirée avec des amis de mon âge, toute centrée sur le plaisir à venir plutôt que sur celui qui se présente juste là, devant mes yeux.

Si les voyages forment la jeunesse, peut-être que les « retours » eux, aident la personne qui avance en âge à mieux saisir ce qu’elle est devenue. Oui, c’est important et c’est absolument génial d’être surpris par l’inconnu. Mais ça peut l’être tout autant d’arriver encore à se surprendre soi-même.

Transmédia: plus ça change…

Pendant quatre jours, une centaine de personnes – dont un large groupe provenant de la baie de San Francisco – se sont réunies pour discuter du futur, à  l’ère digitale, d’un art qui leur tient à  coeur: le « storytelling », ou l’art du raconteur, une des plus vieilles formes de tranmissions de culture commune à toutes les nations. […]
Si le type d’oeuvres présentéees variait autant que la personnalité des auteurs, ces derniers avaient au moins une motivation en commun: une passion pour les histoires sous toutes leurs formes et un espoir grandissant que ce médium électronique qui nous sert de gagne-pain s’éloignera des formules conventionnelles et nous permettra bientôt d’explorer à fond notre potentiel créatif, et ce, même dans le cadre de notre travail de tous les jours.

Tiré de La Presse en 1997.

J’aurais pu écrire ce texte hier en revenant d’une conférence consacrée à  l’évolution du récit à  l’ère du transmédia.
Je l’ai écrite il y a presque 16 ans, en septembre 1997.
On est passé du multimédia
aux nouvelles technologies,
aux nouveaux médias
puis au transmédia.

Est-ce qu’on a fait beaucoup de progrèss depuis, point de vue récit?
Techniquement, oui.
Mais est-ce que ce « médium électronique s’est éloigné des formules conventionnelles pour nous permettre d’explorer à fond notre potentiel créatif, et ce, même dans le cadre de notre travail de tous les jours? »
J’en rêvais en 1997, moi qui bossais comme chargée de projet, loin de mes intérêts narratifs et créatifs.

Lectures 2011

Inspirée par mon amie Beth et parce que je suis toujours curieuse de connaître les lectures des autres, voici la liste des livres que j’ai lus en 2011. Ils sont en ordre chronologique de lecture.

Tout d’abord, quelques chiffres et constatations:

-Sur 43 livres lus:
7 recueil de nouvelles (un genre que j’affectionne particulièrement)
26 écrits (ou traduits) en français
26 écrits par des femmes
6 bandes dessinées ou livres illustrés
1 de science-fiction
1 pièce de théâtre
1 scénario (sous forme de livre, mais j’en lis beaucoup plus que ça en version numérique téléchargée)
1 livre pour enfant
4 ou 5 lus en survol (parce que je n’arrivais pas à m’y intéresser complètement).

-Je n’ai lu qu’un seul roman sous format numérique cette année. J’ai plusieurs livres de référence sur mon iPad que je ne liste pas ici car je ne les ai pas lus en entier. J’y réfère simplement au besoin. Pourquoi n’ai-je pas lu davantage de cette manière alors que mon expérience de lecture numérique m’a bien plu? Parce que j’aime bien voir les livres de mes auteurs préférés rassemblés tous ensemble sur un rayon de ma bibliothèque. Parce que j’aime avoir la copie papier d’un livre en guise de souvenir lorsqu’il fut acheté en voyage. Parce que je lis souvent au lit et que je n’aime pas absorber trop de lumière de l’écran avant de m’endormir (c’est mauvais pour le sommeil).

-Je lis habituellement peu en français parce que j’ai de la difficulté à trouver des auteurs qui me plaisent dans cette langue, ce qui m’attriste. J’ai donc décidé de faire un effort particulier cette année pour lire davantage de romans québécois. Je me suis mise à fréquenter de nouveau la bibliothèque publique, ce qui m’a permis de prendre des « risques » à meilleur coût.

-Peu d’ouvrages de « non-fiction », à part les manuels reliés à la scénarisation, que je n’inclus pas ici. Quand il ne s’agit pas de fiction, je lis surtout des articles de magazine et je fais des recherches sur le Web.

Mes coups de coeur sont indiqués par la présence d’un astérisque, ci-bas:

Vanités, Johanne Seymour

*Disturbing the peace, Richard Yates (Pas son meilleur mais Yates reste un de mes favoris.)

Love and Other Impossible pursuits, Ayelet Waldman (ebook)

You lost me there, Rosecrans Baldwin

Hier, Nicole Brossard

*Everything ravaged, everything burned, Wells Tower (Nouvelles. Trouvé dans un « staff pick » d’une librairie indépendante à San Francisco. Dévoré.)

Ru, Kim Thuy

La marche en forêt, Catherine Leroux

Infrarouge, Nancy Huston

L’homme blanc, Perrine Leblanc

Incertitudes, Josée Bilodeau (Nouvelles)

**A visit from the goon squad, Jennifer Egan (Génial. Probablement mon roman préféré en 2011)

And now you can go, Vendela Vida

Peut-être une histoire d’amour, Martin Page (Curieuse de lire cet auteur depuis des années parce qu’on a le même nom. Pas particulièrement apprécié ce roman.)

Le temps qu’il m’est donné, Jean-François Beauchemin

Folle, Nelly Arcan

Tarmac, Nicolas Dickner

La disparition du Mercure, Denis Fortier

Les bouteilles, Sophie Bouchard

*Tamara Drewe, Posy Simmonds (Disponible gratuitement en ligne. Ne vous privez pas de ce plaisir. L’adaptation cinématographique par Stephen Frears est sympathique aussi.)

One day, David Nicholls

Nosferatu, Peru/Martino (BD)

Ce goût, Neyef (BD)

Comment ne rien faire, Guy Delisle (BD)

*Alone with you, Marisa Silver (Nouvelles. Acheté dans une immense librairie indépendante à Pasadena. Beaucoup aimé.)

*Stone Arabia, Dana Spiotta (Auteure géniale. J’avais adoré son roman précédent.)

La tendresse attendra, Matthieu Simard (Bien aimé. Contente de voir l’évolution de sa plume. J’ai même ri à voix haute. Mais la fin, que je trouve un peu inutile et un tantinet manipulatrice, m’empêche d’en faire un coup de coeur.)

Le chat du boulanger, Posy Simmonds (livre illustré pour enfants)

*L’envie, Sophie Fontanel (Plume forte et élégante mais sans maniérisme. Mon préféré en français cette année.)

*Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier (Beau récit. Si on me faisait l’honneur de me demander d’en faire l’adaptation pour le cinéma, je dirais oui :)

Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Claudia Larochelle (Nouvelles)

Stigmates et BBQ, Stéphane Dompierre

Guyana, Élise Turcotte

Voyage Léger, Mélissa Verreault

The thieves of Manhattan, Adam Langer (Enlevant et amusant. Merci Geneviève!)

Mothers & Other Monsters, Maureen F McHugh (Nouvelles de science-fiction. Offert par une amie de Los Angeles dont l’auteure est la collègue. Belle découverte. Hâte de lire son plus récent qui a reçu d’excellentes critiques.)

La concordance des temps, Évelyne de la Chenelière

Bashir Lazhar, Évelyne de la Chenelière

*Et au pire, on se mariera, Sophie Bienvenu (Très très hâte de voir où Sophie ira après ce roman percutant.)

Atavismes, Raymond Bock (Nouvelles)

Café de Flore, Jean-Marc Vallée (scénario et textes sur le tournage)

Pyongyang, Guy Delisle (Lu juste avant l’annonce de la mort du dictateur. Hâte de lire le reste de ses oeuvres!)

*Too much happiness, Alice Munro (Nouvelles. Jonathan Franzen l’a dit: Munro, c’est la meilleure. Je ne suis pas du genre à aduler les gens, mais cette femme pour moi, c’est une rock star.)