I’m the king of the world

It’s a day of grand egos. At least this one makes me laugh:

Leonardo DiCaprio – whose latest movie, Martin Scorsese’s The Aviator, opens here on Boxing Day – also admitted to developing a gargantuan ego after the success of What’s Eating Gilbert Grape in 1994, for which he was nominated for an Oscar and compared to a young Marlon Brando. He said his ego was once so big he believed his acting had « altered the course of history ».

From The Guardian.

A poem for November 3rd

Heavy, heavy, heavy, hand and heart.
We are at war,
bitterly, bitterly at war.

And the buying and selling
buzzes at our heads, a swarm
of busy flies, a kind of innocence.

(…)

And picnic parties return from the beaches
burning with stored sun in the dusk;
children promised a TV show when they get home
fall asleep in the backs of a million station wagons,
sand in their hair, the sound of waves
quietly persistent at their ears.
They are not listening.

Their parents at night
dream and forget their dreams.
They wake in the dark
and make plans. Their sequin plans
glitter into tomorrow.
They buy, they sell.

They fill freezers with food.
Neon signs flash their intentions
into the years ahead.

And at their ears the sound
of the war. They are
not listening, not listening.

Tenebrae by Denise Levertov, 1967.
Hear the author read the full version of this poem here.

Retour vers le futur

� la fin d’octobre, Blork et moi sommes all�s faire un tour dans ma ville natale. Maintenant que je suis orpheline, j’ai peu d’excuses pour me rendre � Qu�bec (o� habitaient mes parents) et � chaque fois que j’y vais je suis prise d’une lourde nostalgie qui me suit pendant plusieurs jours. Retourner � Qu�bec, c’est me replonger dans une p�riode de ma vie qui me para�t tr�s lointaine et tr�s �trang�re. Je ne suis pas de ceux qui vivent dans le pass� et revoir les coins de la Basse-ville o� j’ai grandi me fait toujours un choc, comme si j’avais oubli� que ces endroits existaient.

Pas d’excuse qui tienne cette fois-ci: c’�tait le party surprise des 40 ans de mon ami Michel. Nous avons donc pris la route pour Qu�bec. Michel, c’�tait mon chum quand j’avais 20 ans, celui avec qui j’ai v�cu dans mon premier appartement. C’est pour partir vivre avec lui que j’ai fait pleurer ma m�re. Sa petite derni�re quittait le foyer. « Qu’est-ce que je fais faire toute seule avec ton p�re? » C’�tait le drame, m�me si j’allais vivre quelques rues plus loin et revenait manger � la maison au moins deux fois par semaine.

Michel et moi partagions ensemble un int�r�t pour le cin�ma, int�r�t que nous avons contribu� � d�velopper chez l’un et l’autre. Le th�me de son party d’anniversaire �tait: « une soir�e � Cannes ». Michel, le roi de l’anthologie (il est du genre � faire de longues compilations musicales pour ses amis, expliquant longuement le choix de chacune des chansons, � la mani�re des gars dans High Fidelity), avait pr�par� une vid�o contenant ses sc�nes de film pr�f�r�es, regroup�es par th�mes. La vid�o durait 1h30, mont�e de magn�toscope � magn�toscope. Un vrai travail de moine. Les tenues de soir�e �taient � l’honneur, ce qui m’a permis de faire une photo � grande valeur historique: un amoureux et un ex portant veston et cravate, un �v�nement tr�s tr�s rare pour ces deux messieurs. Tr�s classe. Et ils n’ont m�me pas bavass� � mon sujet.

Avant notre retour � Montr�al le lendemain, Blork et moi sommes all�s faire un tour � St-Roch, question d’explorer les plus r�cents changements de ce quartier que l’on r�nove � grands frais.

Wow.

J’avais d�j� vu certains de ces changements mais l’�volution du projet de revitalisation du quartier ne semble pas vouloir s’arr�ter. J’ai eu peine � reconna�tre ces rues o� nous allions faire des courses avec maman. Le mail St-Roch, cette horreur qui donnait la frousse aux gens de la haute-ville (qui ne pouvaient pas croire que je m’y promenais sans peur) a disparu pour laisser � nouveau respirer les superbes fa�ades de ses anciens commerces. Le magasin Paquet o� travaillait mon grand-p�re (dans la mercerie) est devenu un gigantesque Mountain Equipement Co-op. Le choc des g�n�rations.

Il faisait beau et la rue St-Joseph �tait pleine de gens qui, de toute �vidence, n’habitaient pas ce quartier. J’ai �t� �trangement r�confort�e de voir que le magasin de tissus Tania avait surv�cu � cette gentrification et n’avait pratiquement pas chang�. Enfant, j’ai pass� de longues heures dans ce magasin avec ma m�re, � admirer des patrons pour une nouvelle robe ou un manteau, � caresser du bout des doigts des tissus soyeux et � jouer avec les cartons sur lesquels �taient attach�s des centaines de boutons. J’ai pens� � mon p�re que j’ai vu chanter pour la derni�re fois en public � l’�glise du Clocher Pench�. J’aurais voulu que mes parents soient l� pour voir ce qu’est devenu le quartier dans lequel ils ont grandi. Maudite vie et maudite m�moire trop courtes. Maudites bonnes intentions qu’on oublie trop facilement.

� chaque visite, Qu�bec me jette son histoire en plein visage et du coup, mon histoire � moi refait surface. Ce n’est pas de sa faute si Qu�bec me rend triste. Les gens, au contraire des villes, ne se refont pas.

Qu�bec est belle et vibre � son propre rythme. Les montr�alais, si convaincus que la province tourne autour d’eux, continuent � l’ignorer et ne s’y rendent presque jamais. Race de monde maudite, comme aurait dit papa, un sourire en coin.