Conf�rence et effeuillage complet

En d�cembre prochain, j’animerai un atelier/conf�rence dans le cadre du congr�s annuel de la FPJQ.

Je me demande si j’oserai suivre les conseils de Karl dans ma mani�re de pr�senter le contenu de l’atelier aux participants?

« Prenez corps avec la r�alit�, vivez la chair de votre sujet, faites l’amour avec le public qui est devant vous. Il faut savoir se donner, se livrer, il faut accepter de ne pas se cacher derri�re un paravent de mots, pratiquer l’effeuillage complet et mettre � nu toutes vos id�es. »

Beau parleur, gros faiseur

Ce qui devait �tre une journ�e cauchemardesque � faire refaire le to�t s’est transform�e en deux journ�es cauchemardesques, les couvreurs n’ayant pas r�ussi � tout finir hier. L’odeur que je d�teste le plus au monde est celle du goudron et je peux vous dire qu’hier, j’en ai eu pour mon argent. Alors que les couvreurs �tendaient la premi�re couche autour de la chemin�e, le goudron, petite substance � l’esprit noir tr�s d�termin�, a r�ussi � faire son chemin le long de la brique de la chemin�e pour aboutir dans la chambre � coucher. Il y avait de belles t�ches noires et visqueuses sur la brique, le plancher de bois, le mur blanc, la porte blanche, de m�me que sur ma robe de chambre. Oups.

Ce matin le superviseur a choisi un des employ�s pour l’op�ration nettoyage de la chambre. Il m’a dit: « Je t’envoie le gros ». « C’est lequel? », que je lui ai demand�. « C’est le gros », que le superviseur m’a r�pondu. Le gros, qui �tait surtout grand, �tait compl�tement d�courag� par la t�che et la tache. « Si j’avais �t� toi », m’a-t-il dit, « j’aurais paniqu� en voyant �a couler � l’int�rieur hier ». « Normalement j’aurais paniqu� », que je lui ai r�pondu, « mais j’�tais encore assomm�e par l’annonce des co�ts suppl�mentaires ».

Le faux-gros s’est donc mis � la t�che. Les produits chimiques qu’il utilisait transformait la plaque de goudron en sauce au chocolat bien collante, l’odeur agr�able en moins. Il en mettait partout dans la chambre � chaque fois qu’il bougeait. « T’as fait quoi � ton patron pour m�riter cette corv�e? », que je lui ai demand�. « Rien », qu’il m’a dit. « Je suis un homme rose. C’est peut-�tre pour �a ».

Le faux-gros-rose a mis plus de deux heures � tout nettoyer. Au bout d’un moment, j’ai compris pourquoi le superviseur avait choisi de l’envoyer � l’int�rieur. Monsieur a de la jasette, comme on dit par chez nous! Remarquez, ce n’est pas un d�faut. J’en ai moi aussi alors je peux comprendre. J’ai tout de m�me �t� �tonn�e de voir ce qu’il a r�ussi � me r�v�ler pendant sa s�ance de nettoyage. Sans savoir son nom, je sais maintenant:

-Qu’il a �t� ob�se jusqu’� l’�ge adulte. Son amour pour les femmes lui a donn� envie de maigrir. Il a tout essay� comme r�gime, dont la technique o� on m�che tout ce qu’on veut mais on n’avale pas. Je vais essayer la prochaine fois que je boufferai un g�teau au chocolat.

-Qu’il ne laisse pas ses coll�gues l’appeler « le gros » mais seulement « le grand ». Je ne lui ai pas r�v�l� la v�rit� pour ne pas lui faire de peine.

-Qu’il gagne plus de 28$ de l’heure, sans me pr�ciser combien de plus, exactement. Qu’il lui reste 600$ net � chaque semaine, parce que l’imp�t mange tout.

-Qu’il �tait nul pour r�parer la brique et que son patron lui a dit de faire un job moins compliqu� dans la vie.

-Qu’un chiropraticien qui faisait de l’acupuncture au laser a r�ussi � d�boucher les trompes de Fallope de son ex femme, qui est tomb�e enceinte quelques semaines plus tard.

-Que le m�me chiro l’a d�barrass� de ses maux de t�te mais du coup, l’a envoy� aux toilettes pendant 48 heures (un effet secondaire �trange du traitement).

-Qu’il a trois filles, tr�s fortes sur l’ordinateur, dont l’une n’aime pas son pr�nom.

-Qu’il est divorc� et voit religieusement ses filles toutes les fins de semaine.

-Qu’il r�nove des autos anciennes. Je sais combien il a d�pens� pour ses 3 derni�res pi�ces.

-Qu’il a fr�quent� une femme qui n’aimait pas l’usage de la vadrouille mais lavait ses planchers � quatre pattes. « Une femme parfaite », m’a-t-il dit.

-Que sa derni�re blonde mesurait 4 pieds 10 et pesait 90 lbs, qu’elle �tait adorable mais malheureusement, qu’elle avait oubli� de lui dire qu’elle �tait mari�e.

Il m’a s�rement dit plein d’autres choses mais �a ne m’a pas marqu�e autant que les d�tails pr�c�dents.

Les taches de goudron sont disparues et avec elles un peu de la peinture d’origine mais bon, �a va aller. Le superviseur m’a offert de repartir avec ma robe de chambre et de m’en acheter une autre. « Ouin, vous allez m’en choisir une belle », que je lui ai dit. « Une belle transparente », qu’il m’a r�pondu. « J’aimerais mieux un rabais », que j’ai r�pliqu�, esp�rant clore le sujet.

Ils sont encore ici mais ils auront fini bient�t. La chambre pue les produits chimiques et la maison sent le goudron. Le to�t est neuf et mon compte de banque est vide. � part �a tout va bien. � part �a tout va bien. � part �a…