Singeries de mars: Balades en taxi m�morables

New York, premi�res impressions

J�ai 24 ans. Un des courts-m�trages que j�ai r�alis� � l��cole de cin�ma � San Francisco se m�rite un prix dans un festival new yorkais. Je d�cide d�assister au festival, d�autant plus que je n�ai visit� New York qu�une fois auparavant, pour un arr�t de quelques heures seulement. Notre vol ayant du retard, mon copain et moi avons � peine le temps de d�poser nos valises chez son cousin et nous devons sauter dans un taxi pour ne pas rater mon film. Je suis toute �nerv�e : un taxi jaune, un vrai taxi new yorkais!

Aussit�t qu�on lui donne l�adresse du cin�ma, le chauffeur appuie � fond sur l�acc�l�rateur et je me retrouve le dos clou� au si�ge, comme dans des montagnes russes. Mon copain et moi on se regarde en souriant : ils sont vraiment comme dans les films, ces taxis new yorkais!

Notre chauffeur zigzague entre les diff�rentes voies afin d�avancer plus vite et �vite de justesse une collision avec une auto noire. Le conducteur de l�auto, furieux, se met � le suivre dans la voie parall�le et lui fait de gros yeux. Notre chauffeur l�ignore, m�me lorsque nous sommes arr�t�s pr�s de lui au feu rouge. Le gars de l�auto noire sort de sa voiture, s�avance vers notre chauffeur et colle sa badge de policier contre la vitre. Zut, un flic fant�me! Il fait tr�s jeune Al Pacino, tout en nerf et en col�re, veste de cuir et pantalon de jeans.

Notre chauffeur, maintenant devenu docile, baisse la vitre de son auto.
-Yes, officer?
-You�re driving like a mad man!

Le feu de circulation passe au vert. Tout le monde autour se met � klaxonner car nous bloquons le passage. Mon c�ur bat fort : Ils vont nous embarquer avec le chauffeur, on va devoir t�moigner, on va rater mon film.

-I wasn�t driving like a mad man, officer.
-You cut me off! I could get your license revoked.

Le chauffeur se retourne vers nous et d�cide de nous prendre � t�moin. Je me sentais plut�t otage! La tension montait dans la rue et les klaxons insistaient encore davantage.

-I wasn�t driving like a mad man, was I?
-Well, I said, this is my first time in New York�

Le policier nous regarde pendant un moment, et je me demande s�il va nous embarquer nous aussi.

-Out of courtesy for your passengers, I�m going to let you go this time, but I�ll be watching you!

Notre chauffeur a remont� sa fen�tre et nous a enfin d�pos� au cin�ma. J�avais perdu toute nervosit� quant au visionnement � venir!

San Francisco, un air de blues.

Un grand h�pital san franciscain. Je suis �tudiante, mon jeune mari vient de subir une op�ration complexe au cerveau qui l�a laiss� partiellement paralys�. Nous ne savons pas si c�est temporaire. Je suis dans un pays �tranger, sans soutien familial et je meurs d�inqui�tude.

Quand mon mari s�endort enfin, t�t dans la nuit, je prends un taxi devant l�h�pital. Le quartier de San Francisco � travers lequel nous roulons est d�sert. Je me sens vide, vid�e. Je regarde ces rues si famili�res et je ne les reconnais plus. Le chauffeur m�observe en silence dans le r�troviseur. Un air de blues joue � la radio. Il monte un peu le son.

-Mind if I play some music for you?

Je crois qu�il parle de la radio. �a m�est �gal.

-Sure, go ahead.

Le chauffeur s�empare d�une trompette et tout en conduisant, il accompagne l�air de blues � la radio. Malgr� la sourdine, le son provenant de la trompette est fort mais sans �tre d�sagr�able. Il est bon joueur.

La musique me surprend et me secoue. J�ai soudainement envie de rire, tellement la situation est absurde. Mes �paules se redressent. Elles perdent le poids qu�elles portaient depuis des semaines. Nous arrivons bient�t devant chez moi et le chauffeur me remet sa carte d’affaires sur laquelle un ourson joue de la trompette.

-Call me if you should care for a musical ride again.

J�ai gard� cette carte pendant longtemps, bien apr�s la fin de ce mariage.

San Francisco, Bullitt !

Encore � San Francisco. Une copine qu�b�coise est en visite. Nous avons trop march� et nous prenons un taxi pour rentrer � la maison. � peine assises, le chauffeur d�marre en trombe et nous emporte dans une course folle � travers les rues en pente de San Francisco. Jamais il ne rencontre de feu rouge et il continue � prendre de la vitesse. Les pentes de la ville sont tellement fortes qu�il nous arrive de litt�ralement quitter le sol au sommet des collines. Nous rions malgr� notre peur. Nous �changeons des propos en fran�ais dans le dos du chauffeur, sachant bien qu�il ne pourra pas nous comprendre.

-Il est compl�tement fou!
-Il va nous tuer.
-Un vrai malade.
-J�sais pas ce qu�il a mang�.

Malgr� sa conduite cavali�re, le chauffeur de taxi arrive quand m�me � notre porte en un seul morceau. Il freine brusquement, se retourne vers nous, grand sourire aux l�vres et s�exprime dans un fran�ais impeccable :

-Ce sera 12$, mesdames.

Il avait compris chacun des d�tails de notre conversation de filles, ce qui l�a probablement motiv� � nous donner un petit spectacle�

Depuis quand les fran�ais prennent-ils des boulots de chauffeur de taxi en Am�rique?

Montr�al, la chicane

Je sors du boulot, fatigu�e, portant une bo�te de documents sur lesquels je dois travailler � la maison. Pas question de prendre le m�tro avec ce poids. Il y a toujours une longue file de taxis en attente devant la station de t�l� o� je travaille. Je prends celui en t�te de ligne. Juste au moment o� on allait d�marrer, le chauffeur ha�tien du taxi stationn� derri�re nous sort de son auto et ouvre ma porti�re.

-Venez plut�t avec moi, madame. Lui, il a trich�.
-Quoi?

Le chauffeur saisit ma bo�te et l�emporte avec lui dans son taxi. Mon chauffeur (aussi ha�tien) sort du taxi, furieux.

-Tu as d�pass�!
-Je n�ai pas d�pass�!

Mon chauffeur prend ma bo�te � nouveau et la remet dans son taxi.

Ils recommencent la m�me routine 3 ou 4 fois, sous mes yeux �bahis. Avant qu�ils n�en viennent aux coups, je d�cide de sortir du taxi. Je repousse le chauffeur qui est dans mon chemin, prends ma bo�te dans l�autre taxi et je choisis un 3i�me conducteur. Il d�marre imm�diatement sous les grands cris des deux chauffeurs qui s�unissent enfin pour protester. La petite dame, elle aime pas qu’on abuse de sa patience.

A bag of words

From Maciej’s blog:

To a computer hacker, treating a text like a raw data stream is an amusing challenge, but there are people who would object to this kind of thing a reductionist attack on a living text. When I was first learning Perl, I remember writing a toy program that read all my letters to my girlfriend, and her letters to me, and spit out lists of words that only one of us had ever used. I thought it was a neat trick, while she was livid with me for treating our correspondence as just a bag of words.

Gender based problem or geek vs non-geek issue?

� venir: singeries de mars

Nous sommes en plein milieu du mois, c’est donc le temps de vous pr�senter le prochain sujet des singeries de mars. Le mois dernier, certains d’entre vous avez trouv� que le sujet �tait un peu s�rieux alors nous y allons avec quelque chose de moins introspectif ce mois-ci. Bien que…

Pour un explication d�taill�e du concept des singeries, allez voir du c�t� de Blork.

Mercredi de cette semaine, le 17 mars, nous vous invitons � nous parler d’une (ou de plusieurs) balade m�morable en taxi. Si vous n’avez rien d’int�ressant � raconter � propos des taxis, soyez bien libres d’�tirer le th�me un peu et de d�crire une exp�rience de transport int�ressante o� vous n’�tiez pas au volant et o� vous ne connaissiez pas personnellement le chauffeur. Les road-trips avec des amis, les trains, les avions et les bateaux ne comptent pas. On voudrait voir la rue avec vous, vivre chaque tournant, sentir l’odeur du conducteur, �couter vos conversations, partager vos impressions et vos sentiments et arriver � destination en m�me temps que vous. Rien de m�morable? Dites-vous bien que parfois, ce qu’il y a d’int�ressant dans une course en taxi, ce n’est pas le parcours lui-m�me mais l’�tat d’esprit dans lequel on se trouvait � ce moment l�…

Comme d’habitude, vous pouvez simplement faire une liste de vos exp�riences ou encore choisir d’en d�crire une seule en d�tails. Il n’y a rien d’obligatoire mais si vous participez, ce serait gentil de me laisser un commentaire � la fin de ma singerie de mars pour que je puisse aller vous lire.