Bien que je vois beaucoup de films, il est rare que j’en fasse la critique sur mon carnet. D’abord, �crire une critique r�fl�chie, c’est long et c’est un art que je pr�f�re laisser aux professionels, ceux qui en font un m�tier et qui le font tr�s bien. De plus, je sais que les go�ts diff�rent beaucoup d’une personne � une autre et j’h�site parfois � faire des recommandations.
Mais j’ai envie de faire une exception cette fois-ci. Une grosse exception, � un point tel que j’ai envie de vous dire d’aller voir ce film sans faute, de vous culpabiliser si vous le manquez, de vous forcer � prendre un cong� pour le voir, � engager une gardienne, � briser votre petit cochon pour trouver l’argent n�cessaire si vous �tes sans le sou.
J’ai vu Hotel Rwanda ce weekend. Ce film m’a touch�e, que dis-je, secou�e. Il y avait longtemps qu’un film m’avait fait un effet pareil. Je pleure rarement au cin�ma (j’ai horreur d’�tre manipul�e inutilement) mais cette fois-ci je n’ai pu retenir mes larmes � plusieurs reprises pendant le film. Je voulais me mettre la t�te entre les jambes et pleurer toutes les larmes de mon corps. J’ai �t� tour � tour en col�re contre l’humanit�, �bahie, je me suis sentie coupable, j’ai �t� sur les nerfs, j’ai eu envie d’aimer mon chum et mes proches encore plus fort. Je suis retourn�e � la maison et j’ai pass� 3 heures � lire tout ce que je pouvais trouver sur le Web � propos du Rwanda. Certains t�moignages, comme celui du journaliste Fergal Keane de la BBC (5i�me extrait vid�o sur cette page) que je vous sugg�re de regarder jusqu’� la fin, ont de quoi �branler vos convictions sur la nature humaine, m�me si vous croyez ne pas avoir de convictions pr�cises.
Ce n’est pas un film parfait et oui, le r�alisateur manipule le spectateur, � sa mani�re, mais pour une fois je m’en fous! C’est justifi�. N’h�sitez pas � voir le film parce que vous n’aimez pas les sc�narios �prouvants, les films lourds. Le r�alisateur et le sc�nariste ont r�ussi � trouver un �quilibre �tonnant, compte tenu du sujet, entre film politique/journalistique et histoire accessible � tous, sans temps mort. Le jeu des acteurs vaut � lui seul le prix d’admission et le suspense qu’on retrouve dans le film bat celui de bien des sc�narios hollywoodiens. Je n’aime pas l’extr�me violence � l’�cran et Hotel Rwanda r�ussit � sugg�rer, sans tout montrer, l’ampleur des atrocit�s commises en 1994.
Ce serait lamentable si ce film passait inaper�u et si ses artisans ne se retrouvaient pas r�compens�s. Allez le voir. Emm�nez-y vos amis, vos ados, vos �tudiants (le site Web du film offre m�me un guide pour les professeurs). Donnons � cette oeuvre l’attention qu’elle m�rite pour que les producteurs et les distributeurs soient encourag�s � continuer � faire de tels films.
Je laisse la place aux mots de Charles Taylor, un critique de film habituellement tr�s s�v�re, qui explique mieux que moi l’importance de ce film:
« Hotel Rwanda is about how you remain a human being while the life around you is drowning in derangement. It’s a terrific example of what movies can do when they seize real events as raw material and are made by people who are passionate and canny, who know just how far they can squeeze us without turning crass or exploitative. It’s as good a political melodrama as anyone has made since « Z. »
The movies offer us so little connection to real life (even to the point of denying the recognizable human emotion that has always been present in the greatest entertainments) that « Hotel Rwanda » feels meaty in a way we’re no longer used to. It’s also the kind of movie that, because it does not advance « the art of the film » (God help us), may be ignored by some critics who prize aestheticism above all else.
It may be a terribly extreme thing to say, but I don’t think I could ever look at anyone who didn’t feel something at this movie — who dismissed it because of aesthetic flaws or the awkwardness of some of the dialogue — and believe he or she was fully human. We know how little attention the West paid to the Rwandan genocide as it was occurring. The question now is, How much attention will be paid to this movie?