Vouloir comprendre

Pause lunch. Je d�cide de regarder une entrevue � la t�l� avec un jeune romancier qu�b�cois plut�t populaire dans notre coin de la blogosph�re francophone. Sympa. Puis tout � coup, une petite r�v�lation de sa part: il avoue ne pas lire de livres, ou tr�s peu. Il aime bien lire mais la vie lui offre d’autres stimulations ailleurs. Mais quand il lit, c’est bien, �a lui plait. Comme une inhabituelle visite au mus�e qui nous fait penser qu’on devrait y aller plus souvent. Mais on n’y va jamais plus souvent.

J’ai grimac� un peu, j’avoue. J’ai d�j� entendu d’autres �crivains dire qu’ils ne lisent pas. J’ai entendu des sc�naristes et des r�alisateurs dire qu’ils ne vont pas au cin�ma. Mais � chaque fois, je grimace.

Pour moi, c’est comme si un grand chef cuisinier nous disait: « Je ne mange que du pain et de l’eau. Vous savez, la bouffe, moi… » Ou encore comme si un journaliste nous expliquait: « Le Web, �a ne m’int�resse pas tellement. J’ai tr�s peu de temps � perdre pour lire �a. » (Okay, je triche. J’ai d�j� entendu plusieurs journalistes prononcer ces paroles.)

Je ne comprends pas ce manque de curiosit� et d’int�r�t pour son propre champ d’activit�s. Les gens que je rencontre me confient souvent qu’ils r�vent d’�crire un jour, que ce soit un roman, un m�moire, un article de magazine ou un sc�nario. Quand je leur demande s’ils lisent, la majorit� me r�pond non en haussant les �paules, comme si la question �tait sans lien.

Je ne dis pas que c’est mal. Je ne dis pas que c’est ridicule. Je n’arrive tout simplement pas � comprendre comment on peut vouloir �crire sans se passionner pour la lecture, sans vouloir aller voir ce que les autres ont fait avant (de mieux ou de pire), sans vouloir r�ver et voyager � travers les univers des autres. C’est trop bizarre.

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

15 comments

  1. ben… MOI je pense que c’est mal! m’enfin… les gens qui ne lisent pas, de fa�on g�n�rale, je les trouve peu int�ressants – pas qu’ils ne puissent pas l’�tre, mais je ne peux pas connecter, c’est comme s’ils venaient d’une autre plan�te…

  2. I think you can draw a distinction between keeping-up-on-trends in one’s field, and being literate in general. And I understand his comment completely.

    It’s like when you cross that boundary from being a music fan, and listening to lots of new albums a year, to becoming a musician, and barely listening to any new music at all. (I admit to this.)

    In large part, it’s because the process is less mysterious – you see or hear the techniques at work and thus it’s less enjoyable, less easy for you to suspend your disbelief as it were. (« Hm, nice crossfade there, bit of flanger on that middle eight guitar part… »). In order to enjoy it, it either really has to push all your buttons – and make you forget that it’s doing so – or you have to « go away » from the field for a while and then come back to it.

    There’s also the factor of « someone else’s voice in your head. » If you find a book, film, album etc. really influential, it may dominate your own voice – or prevent you from finding your own – especially if you’re having problems doing so.

  3. I understand, A.J., but to me that’s mostly true when you ARE writing, or CURRENTLY in the process of producing music, etc. Lacking curiosity or pleasure for your own field in general just seems odd.

    It’s true that I don’t enjoy movies that easily anymore, or at leat I don’t enjoy all parts of a movie as I watch it, because I see all the strings. But there is so much great work out there, so much talent to be in touch with and life is so short! It would take a lot of pleasure out of my life if I couldn’t read novels anymore or go to movies.

  4. C’est tr�s curieux de vouloir s’exprimer par le biais de l’�criture et de ne pas lire??? D�sol�, mais je ne comprend pas. Je trouve votre comparaison du cuisinier qui ne mange que du pain excellente! Comment peut-on vouloir pr�tendre s’approprier et s’inscrire dans une partie de l’univers litt�raire d’une culture et n’avoir aucune id�e des mots et des id�es qui l’habitent? A mon avis ce sont des imposteurs… des ill�tr�s qui �crivent…

  5. Peut-�tre que ces gens sont tout simplement centr�s sur ce qu’ils vivent, sur leurs propores exp�riences, et qu’ils ne s’int�ressent pas � ce que les autres peuvent produire. Mais ces gens ne sont g�n�ralement pas les meilleurs dans leur domaine.

  6. I agree with Martin, though I would argue as to whether or not these people are, by default, not the best in their chosen field. Some people might be surprised to find out how many truly excellent artists don’t care about what other artists are producing, or how many great writers don’t read and don’t even enjoy reading.

    The fact is that some people just aren’t interested in competing with others or comparing themselves to others. « Success » in one’s field (especially in the arts) might be satisfying, but it’s more often a sign of insecurity rather than true expertise or skill. The ‘famous’, ‘successful’ or ‘recognized’ are usually just moderately talented people (or much less) who simply insisted on promoting themselves more fiercely, while their truly far more talented (less insecure) peers, didn’t feel like bothering.

    Knowing something about your own artistic field is important, but knowing absolutely everything there is to know about your field, doesn’t make you a better artist, writer, director etc, it just makes you really insecure and annoying… like Quentin Tarantino. ;)

  7. I don’t find the contrasts that you mention surprising or disapointing at all. But then I have been known to take great enjoyment in life’s little (and consistant) ironies.

    Consider dentists with bad breath, doctors who smoke, decorators with messy homes, et cetera.

    To me, it just seems to be the way of things.

  8. Ces personnes font un travail d’�gospection. C’est pas pire, pas moins bien, mais diff�rent.

    J’aime la lecture, mais je n’ai pas lu un livre depuis 2-3 ans…

    Tout est une question de priorit� dans la vie!

  9. Howdy!

    Ummm, are you free on Friday afternoons? Luci and I go see art every Friday afternoon. She considers it a « vacation » I consider it « work » and we both have a whale of a time.

    If you would like to join us you are most welcome (except for the 24th where I screwed things up).

    You really do need to go to museums (and galleries) more often. That reading stuff is way over rated…

  10. La comparaison est bonne, mais d’un autre c�t�, le travail de cr�ation est tr�s personel. Une personne peut �prouver un r�el besoin d’�crire, sans aimer lire. �crire est autant une cr�ation qu’un exutoir, une introspection verbalis�e.

    Et cela n’a pas grand chose � voir avec le fait d’aimer lire ou non. Un peintre, un compositeur, un sculpteur… doivent-ils s’int�resser � la forme d’art dans laquelle ils s’expriment pour cr�er?

    Enfin, c’est mon opinion :)

  11. I think Rachel hit all the points I missed :)

    There is, i suppose, an internal line that creative people don’t want to cross, because then you just become a professional critic and you start to second-gu

    ess every creative impulse you have. While I hate « pride in ignorance » generally, to some extent as an artist you have to ignore trends, stop reading the trade magazines, turn off the TV and « just do it » – follow your instincts and apply craft – until you’re ploughing a niche that is irrevocably your own.

    The next worse thing is if you have particularly high self-imposed standards, and when the mediocrity of the world inevitably lets you down, it can turn you off making art, music, or literature altogether. Sometimes I just can’t listen to new bands or see them play live without lapsing into critical mode.

    To paraphrase Rachel, a lot of people succeed merely by showing up and being persistent / consistent, rather than brilliant. The other part of it is the good old rebel sell, the economy of cool – if you’re neither impenetrably obscure (and therefore ‘deep’) nor bang on the crest of some new trend, you have quite an uphill climb ahead of you.

  12. Lire un livre comme voir un film sont de grands plaisirs de la vie. Plus que �a, l’acte de lire devrait �tre aussi naturel que se brosser les dents. Pas par obligation, pour ce que �a nous procure : la d�tente, le savoir, le r�ve, le d�paysement, name it!

    �a me d�passe � chaque fois qu’on avoue ne jamais lire. Auteur ou dentiste �a importe peu tant qu’� moi, malgr� que dans son cas l’auteur qui fait un tel aveu ne pr�che pas vraiment pour sa paroisse. Il d�pr�cie �l’acte� pour lequel il s’investit tant lui-m�me.

    Ce billet m’interpelle beaucoup, je m’explique mal � quel point �a me fait rager. Je dois avoir eu un traumatisme majeur avec mon premier �Oui-Oui� ou mon premier �Martine� � 6 ans! ;-)

  13. Je ne comprends pas non plus… Depuis que j’enseigne, je suis encore plus persuad�e qu’il faut lire pour bien �crire. Certains lecteurs s’int�ressent peu aux romans � la mode, mais ont une grande culture classique. Or, il est possible que certains �crivains ne soient pas au fait des r�centes publications. Mais, un �crivain qui affirme ne pas lire du tout est presque pr�tentieux. D’abord ne risque-t-il pas de tenir des propos na�fs ou redondants ? Parce qu’en quelques milliers d’ann�es, il est possible qu’un autre �crivain ait envisag� les choses comme nous. Et, � �crire en vase clos, il est possible que sa ma�trise de la langue ne s’enrichisse pas. Parce qu’au contact de diff�rentes plumes, nous percevons souvent de nouvelles facettes de la langue. Puis apr�s tout, si personne ne lisait, qui lirait les livres de ces �crivains?

  14. Eh bien, moi je comprends tout a fait. Qu’un ecrivain n’aime pas trop lire, ou un cineaste n’est pas fou de regarder des films, ca n’est que normal, quoi. On trouve acceptable qu’un mathematicien ne passe pas son temps libre a admirer les equations d’autrui, non? Il faut s’eloigner de son metier, de temps en temps, pour prendre de la perspective, faut puiser son inspiration ailleurs dans la vie — les bouquins, c’est pas tout l’univers, eh?

    je viens juste de tomber sur ce blog… scuzer le commentaire tres tardif.

  15. Il est rare que j’�cris sur des blogues. Et � vrai dire la conversation semble �tre termin�e depuis quelques temps d�j� mais le sujet me tient � coeur donc je m’essaie tout de m�me.

    Malgr� le fait que je suis encore jeune et que beaucoup peuvent y trouver un obstacle majeur, je suis en redaction de mon premier roman apr�s une multitude de nouvelles et poemes bien accueillit. Je ne lis que tr�s rarement, mais j’ose dire que je poss�de un style d’�crire attrayant et un vocabulaire riche, probablement du � une culture g�n�ral bien d�velopp�e mais surtout ce que je voulais vous dire c’est que l’�criture est une �motion avant tout. Le meilleur ecrivain n’est pas celui qui lit tout ce qu’il peut mais simplement celui qui ressent les �motions et qui sait les transmettre aux autres d’une mani�re propre � lui. Je pense qu’en lisant trop on vient � perdre notre style propre.

    � l’oppos� de la croyance populaire, �crire ne s’apprend pas.
    Je vous conc�de cependant le fait que lire aide � avoir une bonne orthographe et j’avou avoir un correcteur car mon talent est d’�crire et non de corriger.

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