Arr�t sur image
Une journ�e de rendez-vous les uns � la suite des autres, aux quatre coins de la ville, et pas une minute pour respirer. Puis le dernier rendez-vous de la journ�e est annul�. Frustration: il faudra louer l’auto � nouveau, refaire d’autres t�l�phones pour reprendre ce rendez-vous manqu�. On se retrouve avec une auto lou�e qu’on n’a pas � rapporter avant quelques heures. Rentrer chez soi? Ind�cise, on se trompe d’autoroute pour att�rir en plein centre-ville. Attente au feu rouge. Quelqu’un lib�re une place de stationnement juste � c�t� de nous. On saisit l’occasion sans trop savoir ce qu’on va en faire.
� deux pas du stationnement, un cin�ma. Coup de chance: � 16h20, dans quinze minutes, le film qu’on voulait voir, Marie-Jo et ses deux amours, d�bute. On ajoute de l’argent au parcom�tre, on donne un dernier coup de fil (Tu veux un lift, apr�s le film?), et on s’enfonce dans la salle obscure, pr�te � faire un voyage, si ce n’est que pour la dur�e du film. Lentement, on laisse les images � l’�cran prendre la place de celles qui nous pr�occupaient. On observe, sans juger, la vie amoureuse compliqu�e d’une femme qui aime deux hommes et qui les aime profond�ment tous les deux. On oublie les acteurs (d’un naturel superbe), le sc�nario (habile, respectueux, qui �vite les clich�s habituels de l’infid�lit�) et on plonge avec Marie-Jo dans les eaux de Marseille. Sa confusion nous �branle, son honn�tet� nous touche. On y croit, et nous aussi, on aime ses deux hommes et on ne saurait choisir.
On sort de la salle, un peu surprise d’avoir � remettre un manteau, un foulard et des gants alors qu’on vient tout juste de passer deux heures sous le soleil du sud de la France. Et puis il est l�, juste � la sortie du cin�ma. Il nous attend. � sa vue, le coeur se fait alors plus l�ger: ce que c’est doux, se dit-il, de ne pas vivre divis�