� un cheveu de l’inspiration
Il y a trente-sept ans aujourd’hui, une dame de la Basse-Ville de Qu�bec souffrait, criait et poussait, pour donner le jour � un b�b�-compl�tement-chauve et qui devait le rester pendant plusieurs ann�es. En grandissant, ce b�b�-chauve n’avait qu’une id�e en t�te: apprendre � lire. Elle s’employa donc � m�moriser le livre Martine au Cirque, que sa grande soeur lui lisait � r�p�tition, et pouvait ainsi en r�citer des pages enti�res, faisant semblant de lire et croyant presque elle-m�me � la supercherie.
Quand on lui demandait ce qu’elle allait faire plus tard, l’enfant-alors-plus-tr�s-chauve songeait � plusieurs m�tiers: d�tective, v�t�rinaire, pilote d’h�licopt�re. Elle y croyait plus ou moins cependant. Le seul m�tier dans lequel elle pouvait v�ritablement se voir, c’�tait celui d’�crivain, mais d�j� elle savait qu’�tre �crivain, ce n’�tait pas vraiment un m�tier alors elle disait v�t�rinaire, ce qui faisait bien plaisir � papa. Elle r�vait d’�tre un tr�s jeune �crivain, peut-�tre m�me le plus jeune �crivain qu’on n’ait jamais vu. Vers l’�ge de 10 ans elle d�cida qu’elle avait d�j� attendu trop longtemps et que peut-�tre elle pourrait commencer par ses m�moires. Sur la machine � �crire familiale ultra-l�g�re, avec ses touches vertes et sa mallette brune � fermeture �clair, elle entreprit la r�daction de son ouvrage. Cette image d’elle-m�me, solitaire et concentr�e devant la machine, lui plaisait beaucoup. Le r�sultat lui, un peu moins. Elle fut vite consciente que l’entreprise �tait ardue, voire m�me quelque peu pr�tentieuse, et quand l’invitation � jouer d’une copine se fit entendre, elle abandonna la r�daction de ses m�moires. Il serait toujours temps d’y revenir.
Un peu moins de 30 ans plus tard, voici que l’adulte-qui-n’est-plus-du-tout-chauve r�dige un blogue. Pr�tention d’�crivain? Rattrapage des ann�es perdues? Besoin narcissique de s’exposer? Peut-�tre simple plaisir renouvel� du son des touches que l’on frappe et de la vue des petites lettres qui avancent devant nous pour former des histoires que l’on conna�t d�j� par coeur.