R�ponse � THE LAPOP! CORPORATE ENTITY, qui a laiss� un long commentaire sous mon billet d’hier, le 13 septembre.
D�s que l’on a annonc� que je travaillais � un sc�nario consacr� � Mafiaboy, j’ai re�u des courriels de gens qui s’inqui�taient au sujet de la repr�sentation des hackers � l’�cran. C’est un peu t�t pour d�fendre le film, puisqu’il n’est pas tourn� et que je ne sais pas encore ce que le r�alisateur va faire du sc�nario exactement, mais je voudrais quand m�me pr�ciser certains points.
J’ai fait beaucoup de recherche avant et pendant l’�criture du sc�nario, � la fois pour nourrir le texte mais aussi par int�r�t personnel, puisque c’est un sujet qui me fascine. J’ai vu une bonne quantit� de films consacr�s aux hackers et j’ai lu les commentaires sur les forums de discussion concernant ces films. Les hackers et la communaut� qui les entoure ne se g�nent pas pour �mettre leur opinion. J’ai donc eu beaucoup d’heures de lecture � faire!
J’en suis venue � la conclusion qu’aucun film mettant en vedette un hacker ou un script kiddie ou tout autre pirate, white hat, black hat (choisissez le nom qui convient), ne plaira jamais vraiment � la communaut� des hackers. Sauf The Matrix, bien s�r, mais l� on parle de fantasmes, et c’est une autre histoire… ;-)
L’aspect hautement technique du travail d’un hacker ne PEUT PAS �tre fid�lement repr�sent� � l’�cran (du moins pas en entier) parce que le film serait d’un ennui mortel, sauf pour ceux qui se sp�cialisent dans ce domaine. Faire un film, �a co�te cher et les producteurs cherchent la plupart du temps � joindre le plus grand public possible. Je ne vous apprends rien ici.
Un film dure 90 minutes: il faut donc prendre des raccourcis afin de faire avancer l’histoire. Il faut parfois simplifier la r�alit� et les r�sultats ne sont pas toujours heureux, bien que certains r�ussissent � le faire avec grand art.
Je suis d’accord avec vous cependant: les hackers sont mal repr�sent�s en g�n�ral et j’esp�re sinc�rement que ce film sera diff�rent. J’insiste depuis toujours l�-dessus aupr�s de la productrice qui comprend bien la probl�matique. Je suis r�aliste par contre et je sais qu’un film est l’oeuvre de plusieurs artisans et que personne, surtout pas moi, n’a le contr�le total sur le produit fini.
Le grand d�fi lorsqu’on fait un film bas� sur une histoire technologique, c’est de r�ussir � int�resser les gens qui ne sont pas du tout attir�s par la technologie. Des gens qui pitonent pendant tout un film, ce n’est jamais tr�s int�ressant � regarder! Une attaque de d�ni de service – comme celles r�alis�es par Mafiaboy – si elle est pr�sent�e de mani�re tr�s r�aliste, n’est pas une chose visuellement spectaculaire. Plut�t que de s’attarder aux �crans d’ordinateur, j’ai pr�f�r� d�velopper la personnalit� complexe du jeune pirate et ses motivations. Pourquoi un adolescent qui vit dans un milieu ais� a-t-il envie de risquer son avenir en commettant un tel acte? Qu’est-ce qui motive ceux que l’on appelle, � tort ou � raison, des script kiddies? Les films qui traitent des hackers se penchent en g�n�ral sur l’aspect spectaculaire des attaques. Le film consacr� � Mafiaboy (du moins le sc�nario, puisqu’on en est � cette �tape) veut toucher davantage � la psychologie du personnage, tout en restant un film grand public dans la tradition des films d’action et d’intrigue.
Dans votre commentaire, vous dites: « Les hackers sont des gens assoiff�s de connaissances et comme la masse a peur de « ceux qui savent », les m�dias populaires ont tendance � les pointer du doigt comme des criminels, des terroristes. J’esp�re que votre sc�nario montre clairement que Mafiaboy n’a rien d’un hacker. »
Qu’en savez-vous exactement? L’adolescent surnomm� Mafiaboy n’avait pas eu le droit de s’adresser aux journalistes pendant plusieurs ann�es alors c’est surtout le point de vue policier qui avait �t� v�hicul� dans les m�dias. J’ai eu l’occasion de faire de longues entrevues avec Mafiaboy qui a enfin pu raconter sa v�ritable histoire, telle que lui l’a v�cue. Je peux vous dire qu’il portait une grande admiration envers les hackers d’exp�rience, dont il observait le travail depuis qu’il �tait petit. Sa soif de connaissance – aussi « focus�e » que puisse l’�tre celle d’un adolescent de 15 ans �voluant dans un milieu familial complexe – �tait directement inspir�e de celle des hackers dont il esp�rait obtenir le respect.
Merci d’avoir pris le temps de me faire parvenir votre commentaire. Je suis certaine que j’en recevrai bien d’autres dans le m�me esprit mais j’ai justement un blogue parce que ce genre de discussion me pla�t! ;-)