Trudeau’s wet dream

En r�action � un billet que j�avais �crit � propos des Genie Awards, Shatnerian a �crit un billet bien int�ressant sur le cin�ma canadien anglais et son manque d’auditoire.

« I remember seeing The Hanging Garden which contains a scene in which a Nova Scotian character takes a swig of a Moosehead beer and quietly mutters, « That guy can take a long, hard suck on me arse. » Hearing something on screen that sounded more like my relatives rather than some person from New York or Texas is pretty cool. For that reason, well, why wouldn’t someone want to hear their own accent, their own voice, reflected back to them? »

Hier soir je suis all�e � un 5 � 7 de la Writers Guild of Canada, une association dont je suis membre depuis deux ans environ. J’ai d� devenir membre parce que les deux sc�narios que j�ai �crits sont en anglais et que la productrice (francophone) avec laquelle je travaille est signataire d’une entente avec la WGC.

Les temps sont durs pour les auteurs et sc�naristes canadiens anglais, particuli�rement pour ceux qui vivent au Qu�bec et souhaitent continuer � travailler ici. Le march� est tr�s petit, le voisin du sud prend beaucoup, beaucoup de place et les diffuseurs canadiens pr�f�rent souvent consacrer du temps d’antenne aux traductions de s�ries am�ricaines. C’est une r�alit� avec laquelle je n’�tais pas du tout famili�re avant de fr�quenter un anglophone, membre de la Quebec Writers’ Federation. « My repressed anglo », comme j’aime bien le taquiner (oui, il a un excellent sens de l’humour � ce sujet). Comme c�est s�rement le cas pour bien des francophones, il �tait difficile pour moi de voir les auteurs anglophones qu�b�cois comme une minorit� qui a besoin d��tre prot�g�e, dans la mesure o�, pour moi, ils faisaient partie de la majorit� canadienne anglaise. Je croyais donc que leurs droits �taient bien repr�sent�s.

C��tait un peu bizarre pour moi de participer � ce 5 � 7 hier soir et d�entendre les plaintes des auteurs anglophones qui vivent au Qu�bec. Le ton des revendications est le m�me que celui des francophones � l��chelle nationale. La minorit� croit qu�elle vit une situation particuli�re et qu�elle est victime de certaines injustices. Les gouvernements font la sourde oreille � leurs revendications. Chaque droit gagn� est le r�sultat d�un long combat. Vous connaissez la chanson.

Ma vision des choses �volue avec le temps, d�autant plus que je me retrouve dans une �trange situation : une francophone qui �crit en anglais, pour un producteur francophone qui pr�sente une demande de financement � T�l�film Canada au niveau national, en concurrence directe avec des producteurs anglophones. La lourdeur de la phrase pr�c�dente veut tout dire. Il faut �tre familier avec la proc�dure (et je ne le suis pas tout � fait encore) pour bien saisir la complexit� de la chose et tout le contexte politique, social et culturel qui entoure une telle demande de financement.

Je commence ces jours-ci un nouveau sc�nario, cette fois-ci en fran�ais, une premi�re pour moi (du moins une premi�re « pay�e »). C�est une collaboration avec un com�dien et animateur bien connu et appr�ci� du public qu�b�cois mais parfaitement inconnu chez les anglophones. En raison de ce contrat, je deviendrai donc membre de la SARTEC, la Soci�t� des auteurs de radio, t�l�vision et cin�ma. Autre association, autre revendications. (J��tais membre de la F�d�ration des journalistes et de l�Association des r�alisateurs mais cette schyzophr�nie professionnelle �tait trop lourde � porter et je n�ai pas renouvel� mes adh�sions.)

J�aimerais pouvoir continuer � travailler dans les deux langues mais je suis consciente que cette situation fait de moi une sorte d�outsider (sans �tre la seule dans ce cas), toujours entre deux appartenances, toujours entre deux causes � d�fendre (non, je ne dirai pas � deux solitudes �). J’ignore si le march� va �voluer vers des auteurs bilingues ou si, au contraire, il se polarisera davantage avec le temps.

Un ami m�a r�cemment dit avec enthousiasme : � You are Trudeau�s wet dream. � Oh boy! �a m�a fait bien rire! J�ai compris que c��tait un compliment, m�me si l�image me faisait peur. La militante ind�pendantiste que j��tais � 20 ans aurait eu horreur de cette image. Et la sc�nariste de 38 ans, qu�en pense-t-elle? Elle croit que les images, c�est fait pour le cin�ma. ;-)

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice