Yulblog, édition spéciale

Ça fait plus de cinq ans que, tous les premiers mercredis du mois ou presque, je me rends dans un bar du Plateau pour assister au Yulblog, la rencontre des blogueurs de Montréal. J’ai une soixantaine de Yulblog dans mon sac donc, mais je ne suis pas près d’oublier celui d’hier soir.

La soirée a débuté au 11ième étage d’un hôpital dont la décoration et les équipement semblent ne pas avoir été renouvelés depuis les années 60. En compagnie d’une douzaine de blogueurs locaux, je suis allée rendre visite à Alston, qui vient de se taper une opération très complexe pour lutter contre la présence d’un cancer tout aussi compliqué. J’avais suivi avec attention les mises à jour offertes par sa brave conjointe, Julie, dont les billets plein d’émotion et d’esprit arrivaient à me faire sourire. Dans un tel contexte, c’était un tour de force de « bloguage » et je lève mon chapeau à Julie et la salue bien bas.

Les nouvelles faisaient un peu peur la semaine dernière car suite à l’opération, un des poumons de Alston s’est affaissé, rendant encore plus difficile sa guérison. À notre arrivée à l’hôpital hier, nous ne l’avons pas trouvé dans la pièce convenue pour notre petit off-Yulblog, alors nous nous sommes rendus à sa chambre. Le rideau cachait son lit alors André lui a demandé si c’était bien lui, tapi derrière. Un « oui, j’arrive! » retentissant m’a arraché un sourire d’admiration. L’énergie dans cette voix, c’était bien celle du Alston qui animait joyeusement nos mercredis soirs de Yulblog jusqu’à tout récemment.

Il est venu nous rejoindre dans un petite salle réservée aux visiteurs et les blogueurs sont arrivés les uns après les autres. Avec sa spontanéité habituelle, Alston a mis fin d’un seul coup à la nervosité étrange que nous ressentons tous au contact d’un « malade » lors d’une visite à l’hôpital en nous offrant avec entrain de nous montrer ses cicatrices. Et quelles cicatrices! Ça a généré une séance photo hilarante et typique des meetings de blogueurs, où ceux qui prennent des photos se retrouvent eux-mêmes sujets d’autres photographes. Je crois que Paris Hilton a eu droit à moins de paparazzi hier soir!

Les opérations de cette envergure changent souvent les gens, si ce n’est que temporairement, mais en 10 jours, Alston semblait avoir retrouvé sa verve, son sens de l’humour bien à lui et même, son énergie! Les discussions et les blagues coulaient à flots et c’est une infirmière qui, telle une maman bienveillante, est venue nous rappeler que notre ami était bel et bien un patient de l’hôpital, nous imposant un couvre-feu à 22h00.

Quand quelqu’un qu’on connaît passe à travers une épreuve pareille, la fragilité de notre état de santé nous est lancée en plein visage, et on ne peut s’empêcher de se demander comment on réagirait dans pareille situation. Je suis un peu défaitiste de nature, du moins pour ce genre de choses, et je me demande souvent si je serais du genre à avoir la force de me « battre », comme on dit. Voir Alston si plein de vitalité et d’énergie positive, tout en conservant son hilarante ironie, me fait changer ma perspective. C’est vrai que c’est fort, la joie de vivre. Et c’est communicatif aussi.

Nous sommes allés rejoindre le Yulblog régulier vers 22h30 à la Quincaillerie sur Rachel et après un souper rapide à la Banquise, nous nous sommes joints à la foule qui commençait déjà à se faire moins dense. C’est raisonnable, des jeunes… ;-) On s’est retrouvé entre vieux de la vieille, incluant quelques jeunes anciens, à siroter nos verres, conscients plus que jamais de la joie toute simple de pouvoir déguster une bière sans complication.

Alston, on a bien, bien hâte de te revoir à la Quincaillerie!

Une pensée pour Alston

Alors que Montréal est baignée d’une superbe lumière de fin d’été, notre confrère de Yulblog, Alston Adams, se tape 8 heures sur une table d’opération dans l’espoir de prendre le dessus sur le cancer dont il a appris l’existence il y a quelques mois.

Comme il n’est pas toujours facile de laisser des commentaires sur le blogue de Alston, j’ai créé un groupe sur Facebook, question de lui faire savoir que nous sommes nombreux à penser à lui. Le groupe est ouvert alors si vous voulez vous y joindre, vous pouvez le faire sans recevoir d’invitation spéciale. (Ça sert aussi à ça, Facebook.)

Memento mori

Just as it took Katrina to expose the truly sordid, corrupt emptiness at the core of « compassionate conservatism, » we rarely begin to look into our own hearts of darkness until disaster strikes. In the mundane day-to-day, we seem otherwise hardwired to take so much for granted. For writers — whose very business should be about exploring what lurks beneath the quotidian surface of things — such an inability to face our own feelings seems a terrible self-betrayal. Surely we can’t rely on tragedy to be our muse.

Ancients used a memento mori to counter this folly — a visible reminder of mortality, the skull on the desk that said « remember you will die. » Sometimes when I’m teaching a screenwriting class, I wish I could hand out such skulls to each and every student. Maybe with that horrible bony grin sitting by their computer screen, they wouldn’t be so inclined to write for Them — the powers that be who supposedly run the market — and they’d remember to write only what matters to themselves the most.

It’s part of the same problem — this mistaken belief that the uncomfortable truths, frightening feelings and crazy perceptions that make up what’s called « personal » can’t possibly find an audience. But if you think about the works you love — movies, songs, books, or paintings — chances are good that what you love is the rage, the pain, the wild, subversive joy that fueled these things into being. The recognition that we have met the scary and it is us.

From a great post by Billy Mernit (writer, composer, teacher). Go read the whole thing on his blog.