Blogosphère solidaire

Pour montrer leur solidarité envers leurs scénaristes préférés, les lecteurs de la blogueuse américaine Jane Espenson (Buffy, Battlestar) et ceux du blogue Whedonesque, sont allés rencontrer les scribes sur la ligne de piquettage à Hollywood. Ils leur ont même livré de la pizza avec un message:

You fed our minds. We would like to return the favor. Your fans support the writers’ strike.

Je ne suis pas en grève, mais faudrait que je pense à rendre mon adresse publique, au cas où quelqu’un aurait envie, juste comme ça, de m’envoyer du chocolat…

On m’a demandé à plusieurs reprises dans les derniers jours en quoi cette grève des scénaristes américains affectait les scénaristes canadiens. La réponse nous est parvenue par courriel hier, de la part de la WGC (Writers Guild of Canada), dont je suis membre. (Mes contrats en français sont cependant signés sous la bannière de la SARTEC.)

WGC President Rebecca Schechter and Executive Director Maureen Parker attended the WGA bargaining in Los Angeles last week and witnessed first hand the complete disregard of our colleagues’ bargaining issues by the AMPTP. As a sister guild and fellow member of the International Affiliation of Writers Guilds we will support the Writers Guild of America during its strike to the fullest extent possible. The issues the WGA is addressing will affect every professional artist seeking compensation for their work in the digital age. Their fight is our fight.

Le reste du texte est ici, en format pdf. Le soutien est d’ordre moral pour l’instant, mais les Canadiens savent bien qu’ils auront à négocier eux aussi un jour… Pour bien suivre le conflit américain de notre point de vue de la frontière, je vous recommande le blogue du scénariste Denis McGrath.

Et puis il y a Ze Frank qui se prononce sur la question. Tordant et mordant.

Ça brasse et ça va brasser

Un scénario de remis avant la date limite cette semaine, et un autre à compléter dans les prochains jours.

Je referai surface bientôt et croyez-moi, ça va faire du bien.

Et dire que les collègues scénaristes du sud s’en vont en grève… Ça va brasser.

Ce scénariste basé à Toronto explique bien comment les auteurs canadiens se sentent face à la situation à Hollywood:

In many ways, if you’re a TV scribe in Canada, or a lot of other places in the world, right now, you’re scratching your head and trying to decide how you feel.

The very things that the WGA is fighting for
are things that writers in Canada and a lot of other jurisdictions don’t have. In Canada, we don’t make residuals until the producers recoup. Instead, we get a bit more « upfront money » as a buyout when shooting starts. The difference in the economics is profound. There are writers I know who’ve had a couple of WGA scripts — and the royalties from those are a big part of their yearly take. If you’ve read this blog for a while, you’ll know that I’ve had a pretty good run over the last eighteen months. In fact, I’ve been working my great big Irish butt off.

But a good year is just that. I know that it’s equally possible that my 2008 may look more like 2005. Or even 2002 or 2003, where I spent many miserable weeks wondering what I was going to do with my bank account in overdraft. Even successful years in Canada mean not scrambling for a few months, at best.

Tiré de Dead Things ON Sticks.

Eh oui, comme le dit Denis ci-haut, même une année en apparence prolifique ne signifie en aucun cas une sécurité financière pour les auteurs d’ici. Si vous rêvez de faire ce métier, assurez-vous de ne pas être du type nerveux d’un point de vue financier.

À travers tout ça, Ed et moi avons terminé de regarder la première saison de Californication. Pour le simple plaisir de voir Mulder en romancier et scénariste complètement dépravé qui envoie promener tout le monde. Ça défoule.

Documentaire à voir

Le 9 octobre dernier, j’ai assisté au Cinéma du Parc à une représentation du documentaire Le voyage d’une vie, par la réalisatrice Maryse Chartrand. Il y est question du voyage autour du monde entrepris par un couple et leurs trois enfants, puis du suicide du conjoint de Maryse, un an après le retour de la famille à Montréal. Après la projection du film, la réalisatrice est venue répondre aux questions du public en compagnie de sa fille adolescente.

Je n’ai pas pu poser de question.

J’étais clouée sur mon siège, émue, la tête pleine d’images.

Je ne suis pourtant pas sortie de là déprimée, comme on pourrait s’y attendre. J’ai été profondément touchée par l’expérience vécue par cette famille, et même si je n’ai jamais vécu le suicide d’un proche, les sujets abordés dans le documentaire sont venus me chercher et m’ont beaucoup fait penser à ce que je vois dans mon entourage: course contre la montre, épuisement professionnel, honte face au sentiment d’échec et de faiblesse apportés par la dépression, envie de tout balancer et de partir, communication dans le couple, etc. Tous ces sujets sont touchés avec doigté sous un angle très personnel, sans faire la leçon et sans tomber dans le sentimentalisme, ce qu’un réalisateur moins habile aurait facilement pu faire. On est happé par l’histoire même si on en connaît la triste fin dès les premières images.

Ce documentaire est souvent présenté comme un film sur le suicide, mais ultimement, c’est un film sur l’amour, sur la force du lien qui reste et qui permet de continuer même quand ça ne semble plus possible. C’est aussi un film sur les hommes et cette incapacité fréquente et souvent tragique, à appeler à l’aide. Ça donne le goût de rentrer à la maison et d’avoir une bonne conversation avec son chum. Parce qu’on ne peut jamais assumer que tout va bien.

Bref, c’est un excellent film, tant sur le fond que sur la forme. Les Montréalais ont une chance de le voir sur grand écran car le Cinéma du parc a décidé de remettre le film à l’affiche pendant quelques jours. Il sera présenté du 20 au 24 octobre inclusivement, à 19h, en présence de la réalisatrice. Une discussion suivra chacune des projections.

Pierre Maisonneuve a fait une entrevue avec la réalisatrice et scénariste du film, disponible sur le site de Radio-Canada.