Bonne fête, ma grande

Barbie fête son 50ième anniversaire et les médias n’en ont que pour la grande et plantureuse blonde.

J’ai entendu plusieurs personnes s’exprimer à son sujet dans des entrevues: sociologues, féministes, mères, anciens fans, etc. Ils sont nombreux à croire que Barbie et son tour de taille minuscule ont affecté plusieurs générations de filles en leur offrant une image irréaliste de la femme et en encourageant la surconsommation. Je comprends le raisonnement, mais je ne suis pas d’accord avec ces conclusions.

Enfant, je n’ai jamais aimé jouer à la poupée. Peut-être parce que je suis la cadette et que je n’ai jamais vu ma mère s’occuper d’un enfant plus jeune que moi, je n’ai pas eu envie de l’imiter avec un poupon en plastique qui exigeait qu’on change sa couche. Mais jouer à la Barbie! Ah! Ce que j’ai pu jouer à la Barbie!

Barbie était une adulte: elle avait une vie, un boulot, des amis, elle pouvait vivre des aventures et croyez-moi, je lui en ai fait vivre. J’avais la maison de campagne de Barbie. (J’aimais bien la tarte qui cuisait éternellement dans le four!) J’avais la piscine de Barbie (très longue à installer, n’est-ce pas Maryse?). J’avais quelques vêtements achetés en magasin, mais c’est ma mère qui confectionnait la plupart de ses ensembles, parce que ça coûtait moins cher.

Ce que la future scénariste en moi aimait plus que tout quand on jouait à la Barbie, c’était d’inventer des histoires. J’imaginais des situations et j’élaborais des dialogues. Mes amies, elles, préféraient en général l’aspect « mode » de la chose, et insistaient pour de fréquents changements de vêtements. Je me rappelle qu’une fois la Barbie nue, nous la trouvions bien laide avec ses hanches carrées, le grand espace entre ses jambes et cette poitrine exagérée. Ça nous faisait bien rire aussi de voir que Barbie avait constamment les pieds pointés pour pouvoir porter ses souliers à talons. Nous nous moquions d’elle: pourquoi est-ce qu’ils ont fait une poupée au look pareil? Personne n’est fait comme ça!

Je n’ai jamais pensé que je devais ressembler à ça pour être belle, et je crois que c’est aussi le cas de bien des anciennes propriétaires de Barbie. J’ai vu de nombreuses fillettes malmener Barbie, lui couper les cheveux, lui arracher la tête, lui faire des tatouages au stylo. Même Ken y passait! (Moi je gardais tout dans un état impec. C’est dans mes histoires que je me défoulais.) Pour la plupart des petites filles, Barbie était une adulte enfin à notre merci, et on en profitait. Je pense que la plupart d’entre nous étions conscientes qu’il s’agissait bien d’une poupée et non pas d’un modèle à suivre.

Pour agrémenter nos jeux et élaborer des histoires plus intéressantes, j’ai régulièrement demandé en cadeau des figurines en tous genres: G.I. Joe, Big Jim, Big Joe, Ken (un blond et un brun), une Barbie noire, la femme bionique, des indiens, des cowboys, etc.

En grandissant, je me suis débarrassée petit à petit de mes jouets d’enfant, mais j’ai mis des années avant de laisser partir Barbie et sa gang. C’est ma soeur aînée qui en a hérité quand j’ai quitté le pays et ce sont ses fils qui ont abusé des figurines à leur tour.

Il y a quelque temps, ma soeur m’a remis un sac de vieux trucs qui m’appartenaient, incluant mes figurines. Barbie avait disparu, probablement offerte en sacrifice à un monstre menaçant inventé par mes neveux. Ça ne m’a pas attristée: elle n’avait jamais été ma préférée.

Avant de m’en débarrasser, j’ai pensé prendre une photo de famille de ma belle gang… du moins ce qu’il en reste!

Voici le résultat (cliquez pour agrandir):

Ça fait des mois que j’ai pris cette photo. Je devais trouver quelqu’un à qui donner le tout. La fille de ma nièce, peut-être?

Des mois et des mois plus tard, les figurines sont encore dans le sous-sol.

Même les féministes les moins sentimentales ont parfois de la difficulté à dire au revoir. ;-)

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À chaque année à la Journée de la femme ou à la Fête des mères, mon père répétait la même blague à ma mère:

« C’est TA journée. Oublie la vaisselle pour aujourd’hui. Tu la feras demain. »

C’était con, mais on riait tous un peu quand même… sauf ma mère, qui n’avait jamais apprécié l’humour de mon père.

C’est un petit peu l’impression que me laisse aussi la Journée de la femme. ni vu ni connu a donc une catégorie féminisme ouverte 365 jours par année.

La caméra a-t-elle un sexe?

Débat à la Cinémathèque Québécoise, lundi 2 mars à 19 heures.

La rencontre — organisée conjointement par le comité femmes de l’UDA et Réalisatrices Équitables — sera animée par Geneviève Rioux.

Avec Micheline Lanctôt, Paule Baillargeon, Guylaine Dionne, Raymond Bouchard, Jean Pierre Lefebvre et plusieurs autres des deux côtés de la caméra.

Devant la caméra : en faisant une moyenne sur trois ans et pour l’ensemble des productions cinématographiques, les femmes représentent 43,92% de la distribution pour toucher 35,06% des revenus.

Derrière la caméra : en vingt ans, la part de l’enveloppe gouvernementale allouée aux longs métrages réalisés par des femmes, loin d’avoir augmenté, a même diminué pour se situer sous la barre des 15%.

Lors de la récente ronde de décisions de la SODEC (fiction):
réalisateurs 9 / réalisatrices 0

Lors de la récente ronde de décisions de Téléfilm Canada (fiction):
réalisateurs 7 / réalisatrices 0

Pourquoi y a-t-il si peu de réalisatrices de fiction ? Les femmes sont-elles moins attirées par la fiction que leurs confrères ? Le cinéma au féminin est-il victime de préjugés ?

Via Réalisatrices équitables

Ajout le 3 mars 2009: Dans les chiffres récents concernant le financement de la Sodec, il faut aussi considérer que sur les 39 scénarios soumis, seulement 3 avaient une réalisatrice attachée au projet. (Je n’ai pas les chiffres pour Téléfilm Canada.)

Pourquoi y-a-t-il moins de réalisatrices qui soumettent des projets? Bonne question dont la réponse est sûrement plus complexe qu’elle n’en a l’air.