Pause lunch. Je d�cide de regarder une entrevue � la t�l� avec un jeune romancier qu�b�cois plut�t populaire dans notre coin de la blogosph�re francophone. Sympa. Puis tout � coup, une petite r�v�lation de sa part: il avoue ne pas lire de livres, ou tr�s peu. Il aime bien lire mais la vie lui offre d’autres stimulations ailleurs. Mais quand il lit, c’est bien, �a lui plait. Comme une inhabituelle visite au mus�e qui nous fait penser qu’on devrait y aller plus souvent. Mais on n’y va jamais plus souvent.
J’ai grimac� un peu, j’avoue. J’ai d�j� entendu d’autres �crivains dire qu’ils ne lisent pas. J’ai entendu des sc�naristes et des r�alisateurs dire qu’ils ne vont pas au cin�ma. Mais � chaque fois, je grimace.
Pour moi, c’est comme si un grand chef cuisinier nous disait: « Je ne mange que du pain et de l’eau. Vous savez, la bouffe, moi… » Ou encore comme si un journaliste nous expliquait: « Le Web, �a ne m’int�resse pas tellement. J’ai tr�s peu de temps � perdre pour lire �a. » (Okay, je triche. J’ai d�j� entendu plusieurs journalistes prononcer ces paroles.)
Je ne comprends pas ce manque de curiosit� et d’int�r�t pour son propre champ d’activit�s. Les gens que je rencontre me confient souvent qu’ils r�vent d’�crire un jour, que ce soit un roman, un m�moire, un article de magazine ou un sc�nario. Quand je leur demande s’ils lisent, la majorit� me r�pond non en haussant les �paules, comme si la question �tait sans lien.
Je ne dis pas que c’est mal. Je ne dis pas que c’est ridicule. Je n’arrive tout simplement pas � comprendre comment on peut vouloir �crire sans se passionner pour la lecture, sans vouloir aller voir ce que les autres ont fait avant (de mieux ou de pire), sans vouloir r�ver et voyager � travers les univers des autres. C’est trop bizarre.