You and your lonely, sad little search

« Not wanting to alarm him, I did not mention the list of possibilities delivered to me via the flowing and all-leveling directionless coursing of my online research. But the huge amounts of repetitive medical data, the folk guesses stacked next to scholarly papers, the self-help encyclopedia by the pay-per-access medical advising sites, the automatic diagnostic tools that led to the badly designed sales sites of holistic treatments—all of it—were not directionless, actually. They all led back to you and your lonely, sad little search. Each decision you made, each click or go-back button, each time you put one more thing in the search box or bookmarked a page, this was your desperate, pathetic self applying some insular logic and order to the information, however inadequate it might be. It exhausted you because you got lost in the flow of endless data, and it exhausted you because you never stopped trying to find your way in it, to apply some little spit of personal agency to it. It was a fucking war, that’s what it was. »

Book cover and coffee cup From Stone Arabia, a novel by Dana Spiotta, which I highly recommend. I also loved her previous novel: Eat the document.

It’s interesting to see how contemporary writers manage to incorporate in their novels the pervasive presence of the Web in our lives. Not an easy feat, according to this article from The Guardian: How novels came to terms with the internet.

We spend hours on the web, but you wouldn’t know that from reading contemporary fiction. Novelists have gone to great lengths – setting stories in the past or in remote places – to avoid dealing with the internet. Is this finally changing, asks Laura Miller?

Des intentions de génie

Billet très intéressant sur le blogue du scénariste John August: un étudiant ou un professeur de cinéma nommé Shay lui demande de valider certaines de ses thèses quant aux intentions du scénariste et du réalisateur de Big Fish. John August lui explique que son interprétation du film a peu à voir avec les intentions de ses artisans (du moins d’un point de vue conscient).

Academia teaches us to ask questions like Shay’s — and generally, to answer them ourselves. So we find parallels and influences that make sense on paper without worrying too much about whether they’re actually true.

En s’appuyant sur un exemple d’une analyse vidéo du film The Shining, John August fait ensuite la démonstration de la genius fallacy, cette tendance des académiciens du cinéma à dégager d’une oeuvre des intentions qui n’existent pas et d’y voir là du génie. August explique que plusieurs des décisions prises par les cinéastes sont en fait issues de considérations pratiques: nécessité de donner plus de lumière à une scène, limitation du budget qui force à utiliser plusieurs locations pour créer un lieu, etc.

Il conclut:

The Shining is a great movie. Kubrick was a great director. […] Observe how Kubrick isolates his characters by placing them in vast sets and landscapes.
But don’t obsess about which way the freezer door swings. By making too much of too little, you miss out the bigger picture.

Il n’y a pas que les académiciens qui tombent dans le piège du genious fallacy. Je vois régulièrement ce genre de prêt d’intention dans le cadre d’articles publiés par des critiques de film. Parfois les intentions qu’on prête aux cinéastes sont nées de l’enthousiasme d’un critique face à une certaine Å“uvre. Dans d’autres cas ils font partie d’une perspective négative sur le travail d’un des artisans du film.

Vous me voyez venir? Étant scénariste, je suis particulièrement étonnée de voir les intentions qu’on prête parfois aux scribes, d’autant plus que la grande majorité des critiques ne lisent jamais de scénario! Quand on connaît un tant soit peu la production cinématographique, on sait que la pré-prod et le tournage peuvent amener à modifier grandement un texte: producteur qui veut y aller de son côté créatif sans prévenir le scénariste ou qui doit ajuster quelque chose pour des raisons budgétaires, réalisateur qui interprète le texte à sa façon bien particulière, acteurs inspirés à faire des changements en plein milieu d’une scène, etc. C’est ça le cinéma: un travail hautement collaboratif réalisé par une équipe dont les membres n’ont pas toujours la même vision. Et même quand, par bonheur, dans le meilleur des mondes, cette vision est partagée par tous, elle est appelée à changer à toutes les étapes de la production.

Je n’essaie pas de dire que l’analyse cinématographique n’a aucune valeur. J’ai d’ailleurs débuté des études de doctorat dans ce domaine (que je n’ai pas terminées). Après des années d’analyse plan par plan du Cuirassé Potemkine, de La Jetée, de l’Année Dernière à Marienbad, de Lady in The Lake et de The Birds, je me suis rendue compte que l’appel de la création était plus fort que mon désir de soumettre mon cerveau à des exercices de haute-voltige analytique, aussi fascinants fussent-ils. Je n’étais pas à l’aise non plus avec l’idée de devenir professeur de cinéma sans avoir jamais collaboré à un long-métrage. J’avais l’impression que mon enseignement se retrouverait limité par mon manque d’expérience sur le terrain, et ce, même si j’étais restée confinée à des domaines comme l’histoire du cinéma ou la théorie cinématographique.

Mon apprentissage et mon perfectionnement du métier de scénariste est lent et mon parcours n’est pas toujours linéaire. Je travaille parfois sur des projets dont l’étudiante en cinéma que j’étais se serait sûrement moquée. (Ah, le luxe de la droiture intellectuelle de nos 20 ans!) Mais je me rassure comme je le peux en me disant que mon parcours est profondément ancré dans la réalité d’une industrie qui oscille depuis ses débuts entre l’art et le divertissement. C’est une justification qui demande elle-même un certain travail de haute-voltige intellectuelle, j’en conviens ;)

Writers room

Les Américains sont reconnus à travers le monde pour la qualité de leur écriture télévisuelle. Leur secret? Il est double:

1. Le showrunner/executive producer
Il ou elle ne vient pas du monde de la production mais plutôt de celui de l’écriture. C’est cette personne, un/une scénariste d’expérience, qui prend les décisions finales sur le contenu et l’orientation de la série (décisions qui doivent être négociées avec le diffuseur, bien sûr). Il n’y a pas de véritable équivalent au Québec mais le titre est souvent traduit par « scénariste en chef ». Cette traduction omet cependant les aspects de production et d’administration qui font aussi partie des tâches de l’executive producer.

2. La writers room
Je ne saurais bien traduire ce terme car la pratique n’existe malheureusement pas au Québec (sauf dans le cas de quelques émissions jeunesse diffusées quotidiennement). La writers room, c’est l’endroit où se réunissent les scénaristes pour concevoir les épisodes. Le terme désigne aussi l’équipe d’auteurs qui travaillent sur une même série. Aux États-Unis, le showrunner est appuyé par une équipe de 3 à 8 personnes à laquelle s’ajoutent parfois des pigistes pour la scénarisation d’un épisode dont les grandes lignes ont été déterminées en groupe.

Au Québec, une série est souvent écrite par un seul auteur, parfois deux. Pourquoi? Question de budget, mais aussi question de culture. On colle encore à de vieux modèles. Les premiers scénaristes de télé au Québec étaient souvent des romanciers… et on connaît tous les grandes habiletés sociales des romanciers ;) Au Canada, on se fie aussi beaucoup aux producteurs et aux diffuseurs pour orienter le contenu.

Voici de quoi a l’air la writers room de la formidable série Breaking Bad, qui a débuté sa 4ième saison dimanche dernier.

J’espère vraiment que j’aurai un jour la chance de travailler dans un tel environnement, que ce soit au Québec ou ailleurs.
Un jour. Un jour…