Une toute petite partie d’âme

« Tout autour de moi, chacun parle de sa vision du monde. Dire son opinion est une activité for répandue qui renforce l’idée que la vie est un grand spectacle où le bien et le mal se rencontrent en faisant semblant de ne pas se reconnaître.» […]

Étudiante à l’université, je pensais que la lucidité était ce qu’il y avait de plus précieux pour quiconque prétendait être responsable de sa vie et intervenir dans les affaires de la cité au nom de la justice et du respect de tous. La lucidité était alors composée du désir de bien faire à partir d’un certain nombre d’informations qui, une fois analysées, permettaient de juger les politiciens et les lois dont ils accablaient souvent le peuple. Être lucide ne donnait pas le droit de se moquer des gens qui ne l’étaient pas. Être lucide signifiait avoir en main des éléments de preuves pour lutter contre l’oppression et l’aliénation. La lucidité était un instrument de libération, il était normal de vouloir la partager avec tous ceux et celles qui pourraient en profiter.

Aujourd’hui nous sommes plusieurs à nous dire lucides, à pouvoir correctement juger du bien et du mal, pourtant rien ne résulte de cet amas de consciences juxtaposées, chacun étant flanqué d’une solitude impeccable, et d’un à tout prendre pour soi qui semble toujours être le résultat de circonstances atténuantes. Aujourd’hui, une partie de l’âme seulement nous émeut, ignorante et smiling. Une toute petite partie d’âme que nous portons comme un révolver à la hanche et que nous dégainons rapidement au nom de notre individualisme sans horizon. »

Extrait de Hier, un roman de Nicole Brossard.

Femmes, cinéma et critique

La AWFJ – Alliance of Women Film Journalists – décerne chaque année des prix aux meilleurs films de l’année précédente. Comme le rapporte The Hollywood Reporter, cette association a un humour particulier qui se reflète dans le choix de certaines catégories :

-Movie You Wanted To Love But Just Couldn‘t
-Actress Defying Age and Ageism
-Sexist Pig Award
-Most Egregious Age Difference Between The Leading Man and The Love Interest Award
-Best Depiction Of Nudity, Sexuality, or Seduction
-Unforgettable Moment Award

La liste des gens et des films en nomination est ici et les gagnants sont ici.

Le site Web de la AWFJ rapporte aussi les résultats d’une étude démontrant que plus de 70% des critiques de films sont faites par des hommes. L’article se conclut ainsi:

In summary, women are under-employed as reviewers of film in the nation’s 100 largest circulation newspapers. Not only are women outnumbered as film critics, staff writers, other types of critics, and freelancers, women also review fewer films on average than men. In addition, larger proportions of the films reviewed by women are for films with romantic themes, and those with women filmmakers and women protagonists or ensemble casts. However, the actual reviews written by men and women do not differ significantly in their length or nature. Women and men write equally positive and negative reviews and do not become significantly more positive when writing about films with same-sex protagonists or filmmakers.

Overall, these findings suggest that film criticism in this country’s newspapers is largely a male enterprise, echoing the predominance of men working on screen and behind the scenes in the film industry.

Dans la foulée cette semaine de l’annonce faite par le regroupement des Réalisatrices Équitables concernant la publication de l’étude «Encore pionnières – Parcours des réalisatrices québécoises en long métrage fiction», il pourrait être intéressant de faire le même exercice au Québec concernant la critique!

9 ans

J’allais presque oublier! Mon blogue a neuf ans aujourd’hui. Je l’ai démarré en février 2002 dans le cadre d’un article que j’écrivais pour un magazine Suisse. Encouragée par la présence grandissante d’une communauté de blogueurs montréalais, j’ai poursuivi l’aventure avec assiduité pendant au moins sept ans. Dans les deux dernières années, drainée d’énergie par les réseaux sociaux et une carrière se concentrant de plus en plus sur l’écriture de fiction (vs écriture journalistique), j’ai délaissé ni vu ni connu. C’est un peu triste, compte tenu de tout ce qu’il m’a apporté par le passé.

Mais bon. J’y suis. J’y reste.

Les grands bilans analytiques seront pour une autre fois!

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